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l’intelligence, sans que la respiration et la circulation soient suspendues 1 », le GDU précisant que<br />

« les individus apoplectiques » sont « surtout des alcooliques 2 ».<br />

Or, il est frappant de constater que lors de la réécriture opérée afin que le texte puisse être<br />

adapté à la scène, Pieter de Delft se voulant une opérette, ce passage, loin d’être supprimé, est<br />

conservé, et l’est de telle sorte que les similitudes entre le texte de départ et celui du livret sont<br />

très nombreuses : « La mort est la sœur de la débauche ! 3 » devient « La camarde est sœur de la<br />

débauche 4 » ; « L’apoplexie, la rouge apoplexie qui vous fait faire des grimaces comme si elle tirait<br />

les fibres de vos lèvres de sa main rouge et qui vous éteint comme un courant d’air escamote la<br />

flamme d’une chandelle, guette le buveur copieux à tous les coins de ses lourds sommeils 5 »<br />

devient (nous soulignons les termes réutilisés) « La rouge apoplexie aussi, qui de sa main / Vous tire<br />

du museau des grimaces de fièvres /Avec l’arrachement des fibres de vos lèvres. / L’apoplexie est là,<br />

guettant sur son chemin / Le buveur copieux au coin de sa ribote, / Et vous l’étreint comme un<br />

lumignon s’escamote 6 » ; « Les rixes que suscitent l’ivresse, font se jeter des pots à la tête, et l’on<br />

crève sous une table, au milieu de cartes souillées, le crâne brisé, – quand, titubant nuitamment<br />

par la ville, on ne s’est pas noyé, dernière beuverie ! au fond d’un canal ! 7 » devient (nous<br />

soulignons, là encore, les termes réutilisés) « Cartes et dés sont des variantes du mal. / Une rixe<br />

fend un crâne : un pot casse l’autre. / Sous la table souillée un cadavre se vautre. / À moins que,<br />

titubant la nuit, sortant d’un bal, / L’on n’ait bu son dernier coup au fond d’un canal. 8 »<br />

Jarry et Demolder ne font pas que conserver le terme médical « apoplexie ». Ils dramatisent<br />

tout le récit ayant trait aux conséquences de l’alcool sur le corps dans Pieter de Delft mais de telle<br />

sorte que devenant grandiloquent il puisse ainsi basculer vers le comique (le macabre étant érigé<br />

en matière grand-guignolesque convenant, de fait, parfaitement à l’opérette), les deux auteurs<br />

transformant le rêve originel de telle sorte que « du fond » d’un « broc vide » surgisse « un petit<br />

squelette armé d’une faulx 9 ».<br />

1<br />

GDU, tome 1, p. 492.<br />

2<br />

Ibid.<br />

3<br />

Eugène Demolder, « La Fortune de Pieter de Delft », Quatuor, « avec une couverture et trois<br />

croquis de Félicien Rops, et treize ornementations d’Étienne Morannes », Société du Mercure de<br />

France, 1897, p. 84.<br />

4<br />

OC III, p. 14.<br />

5<br />

Eugène Demolder, op. cit.<br />

6<br />

OC III, p. 14.<br />

7<br />

Eugène Demolder, op. cit., p. 84-85.<br />

8<br />

OC III, p. 14.<br />

9 Id., p. 13.<br />

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