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En effet, Le Temps du vendredi 26 avril 1901 rapporte ce propos de l’agresseur : « On m’a<br />

condamné sous le nom de Gilmour, mais ce n’est pas mon nom véritable que je n’ai jamais su<br />

moi-même. »<br />

16. Allusion double, au fait divers et à la fiction.<br />

L’identification est permise tout d’abord du fait de l’heure à laquelle est produite l’agression.<br />

De Quincey écrit dans De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts (nous soulignons) : « En<br />

particulier, une jeune fille de bonne éducation, que Williams avait sans doute le dessein de tuer,<br />

déposa qu’une fois, comme il était assis seul à côté d’elle, il lui avait dit : « Eh bien ! Mademoiselle<br />

R..., supposons que j’apparaisse, vers minuit, à côté de votre lit, armé d’un couteau à découper, que<br />

diriez-vous ? » 1 »<br />

En ce qui concerne l’agression relatée dans les journaux, Le Matin note dans son article du 14<br />

avril 1901, parlant de l’agresseur : « Celui-ci a dû pénétrer dans l’appartement avant le coucher de<br />

sa victime. »<br />

Jarry transforme ainsi, comme il le fait à de nombreuses reprises, et notamment dans ses<br />

chroniques et comptes rendus, un principe de succession (l’agresseur arrive puis la victime<br />

s’endort) en principe de causalité.<br />

Mais l’auteur du Surmâle s’inspire précisément de l’article paru dans L’Écho de Paris le<br />

dimanche 14 avril 1901, intitulé « Le crime de Passy. Tentative d’assassinat sur une femme<br />

élégante », où est évoquée avec un souci dramatique plus affirmé cette agression, et d’une façon<br />

telle que d’une part Jarry peut écrire, utilisant la logique en la poussant à son acmé sans souci du<br />

vraisemblable, que l’agresseur cherche à défendre son « incognito », soumis au faisceau lumineux<br />

qui met de fait en péril celui-ci, et d’autre part le lien, comme on va le voir immédiatement, entre<br />

le marchand de sable et l’agresseur devient parfaitement logique, évident, laquelle évidence<br />

pousse Jarry à intituler sa chronique du nom de la nouvelle d’Hoffmann : « Le parquet de<br />

l’antichambre craquait sous un pas d’homme. Vivement, elle allongea le bras vers le bouton<br />

électrique qu’elle tourna. La lumière inonda la chambre. Au même instant et avant même qu’elle<br />

n’eût eu le temps de s’asseoir sur son lit, un homme masqué, en bras de chemise, s’élança vers elle<br />

et la frappa d’un violent coup d’une sorte de long boudin, un sac de toile bourré de sable,<br />

cherchant à l’assommer. »<br />

L’on peut penser que Jarry s’inspire ici encore plus précisément de l’article du 14 avril 1901<br />

paru dans Le Petit Parisien, dans la volonté qui est la sienne de montrer que l’action de l’agresseur<br />

épouse uniquement son désir de garder intact son anonymat (nous soulignons) : « L’Homme<br />

masqué. […] c’est un individu inconnu de Mme Kolb, qui se prétend Anglais d’origine et déclare se<br />

1 Thomas de Quincey, op. cit., p. 122-123.<br />

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