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actualisée précisément au point que des choix tranchés puissent, en la conscience du lecteur, être<br />

opérés. « L’excès de la signification – abandon non dissolvant – mène […] à l’affirmation d’une<br />

forme délivrée de la clôture figurative 1 », comme le constate Jean-Michel Le Lannou.<br />

Le fait que les idées soient seulement « entrebâillées, non brodées de leurs usuelles<br />

accompagnatrices 2 », ainsi que Jarry prévient ses lecteurs dans le « Linteau » des Minutes, amène<br />

Alfred Vallette, le directeur du Mercure de France, à synthétiser ses reproches au sujet de l’écriture de<br />

Jarry dans une intéressante page (dans la mesure où elle montre exemplairement en quoi l’écriture<br />

de Jarry pouvait décontenancer ses contemporains, et jusqu’aux personnes qui étaient le mieux<br />

disposées à son égard) qui a trait au « Commentaire ». 3<br />

Il ne faut pas occulter que « dire et, du même mouvement, dissimuler 4 », puisse être, en plus<br />

d’être la résultante d’une « exigence poétique », la cosnséquence d’une « pudeur ». Quoi qu’il en<br />

soit, le syntagme isolé prend la valeur d’un miroir réfléchissant le sens que véhicule le texte au<br />

sein duquel il se trouve, et entre en résonance avec les idées véhiculées par l’œuvre à laquelle il<br />

appartient, et par l’œuvre complète à laquelle cette œuvre précise appartient.<br />

Dans tous les cas, une idée, qui pouvait sembler très simple mise dans son contexte<br />

(retrouvant son contexte originel), paraît douée de vertus poétiques et d’un mystère qui la<br />

grandissent jusqu’à une potentialité sémantique qu’elle ne contenait pas de prime abord.<br />

Aussi l’obscurité n’est-elle jamais ce qui vise à amoindrir le texte en affaiblissant sa<br />

sémantique, en le déforçant face à une exigence de compréhension qui le porte dans le dialogue<br />

qu’il instaure (c’est sa raison d’être) avec le lecteur. Bien au contraire, l’obscurité cherche à grandir<br />

le texte poétiquement, à donner à la moindre parcelle – décontextualisée – de texte des vertus<br />

poétiques et sémantiques qu’elle n’a pas, sémantiques en la retirant du contexte qui lui donne une<br />

place singulière, et par conséquent arrêtée, définie, pour lui permettre d’adopter une infinité de<br />

places, et également poétiques en la rendant évasive ou obscure alors que sa clarté ne faisait pas<br />

de doute prise dans un contexte plus large, au sein d’une démonstration où elle avait une utilité<br />

définissable.<br />

Arraché à son contexte original, le syntagme perd absolument toute sa nécessité originelle<br />

pour pouvoir revêtir toutes les nécessités que veulent bien lui donner l’auteur, ou le lecteur si<br />

l’auteur ne veut pas articuler son propos précisément ou s’il propose des pistes d’interprétation au<br />

lecteur semblant à ce point contradictoires qu’il met en fait l’accent sur l’arbitraire de toute<br />

1 Jean-Michel Le Lannou, La Forme Souveraine, Soulages, Valéry et la puissance de l’abstraction,<br />

Hermann, collection Hermann philosophie, 2007, p. 92.<br />

2 OC I, p. 171.<br />

3<br />

Voir BESNIER, p. 384-385.<br />

4<br />

Id., p. 36.<br />

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