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d’ouvrir le volume, ce qui est bien plus pratique, on en conviendra, que de retrouver les différents<br />

numéros de La Revue blanche.<br />

Ceci en ce qui concerne le lectorat fidèle, abonné à La Revue blanche et lisant<br />

consciencieusement chaque numéro, l’autre lectorat, qui aurait l’occasion de découvrir un<br />

feuilleton de Messaline dans un numéro de La Revue blanche pourrait en faisant l’acquisition du<br />

volume donner corps à une émotion de lecture qui a commencé pour lui de devenir réelle par le<br />

biais de sa lecture forcément partielle – qui est comme l’avant-goût d’une appropriation future<br />

plus substantielle qui aura lieu afin de donner corps à la saveur du style qui s’est faite entrevoir<br />

et/ou aux intérêts propres à la narration.<br />

Seulement, Messaline, dont le style ne porte en rien la marque d’un reniement de Jarry d’une<br />

forme d’obscurité langagière émanant notamment de la profusion d’un vocabulaire savant<br />

(Michel Arnauld dans son compte rendu du roman inséré dans La Revue blanche constate ainsi :<br />

« […] la phrase sous ses plis couvre si bien le fait originel qu’on a peine à le découvrir. On<br />

pourrait regretter alors la technique plus simple d’Ubu Roi 1 »), contrairement au Surmâle, ne se<br />

prête guère, peut-on penser, à ce type de lecture – aussi Messaline n’aura-t-il pas le succès<br />

escompté.<br />

succès ?<br />

Jarry a-t-il pendant l’écriture du Surmâle tiré les conséquences sinon les leçons de ce non<br />

Il ne faut pas non plus oublier que cette forme de clarté nouvelle dans l’écriture tient aussi<br />

très certainement aux obligations qu’avait Jarry à La Revue blanche en tant que chroniqueur devant<br />

fournir copie régulièrement. Ainsi les habitudes journalistiques qu’il avait prises (mais sans rien<br />

renier de son exigence propre à la méthode ’Pataphysique que revêt sa pensée face aux<br />

événements marquant de leur empreinte les colonnes des journaux) sont-elles très certainement<br />

pour quelque chose dans la façon suivant laquelle Le Surmâle paraît dans une simplicité conquise.<br />

Cette quête du succès, désir d’accession à un lectorat en nombre qui se conjugue avec la<br />

nécessité de subvenir à ses propres besoins (puisqu’il doit également vivre de sa plume), Jarry la<br />

renouvellera avec les projets conséquents d’opérettes, où l’écriture se simplifiera encore,<br />

parvenant à une forme d’abstraction où les jeux de mots et le comique de situation remplaceront<br />

le raffinement symboliste d’avant.<br />

10. Cette formulation doit être rapprochée de ce qu’écrit Gustave Kahn dans le compte rendu<br />

qu’il rédige de Messaline pour La Plume : « Le but d’Alfred Jarry est toujours un peu d’étonner. Il y<br />

a réussi, et a étonné agréablement, dans un conte […] 2 ».<br />

1 La Revue blanche, tome 24, janvier-avril 1901, p. 233.<br />

2 La Plume, n° 281-304 bis, année 1901, Genève, Slatkine reprints, 1969, p. 210.<br />

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