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Antechrist a toujours, bien évidemment, volonté de publier ce qu’il écrit, c’est-à-dire d’actualiser,<br />

indépendamment de son souci – et devoir – de vivre de sa plume, son désir d’édification d’œuvre<br />

complète.<br />

Et, du reste, pour Jarry, l’écriture sera toujours, ainsi que nous n’avons cessé de le voir, reliée<br />

au Mercure de France, quand bien même il se tournera vers La Revue blanche puis cherchera à<br />

intéresser Fasquelle (« Je ne crois pas qu’il y ait la moindre perspective « refus » du côté<br />

Fasquelle 1 », écrit-il à Thadée Natanson le 28 août 1907), puisque Le Mercure de France est son lieu<br />

d’accueil initial, celui qu’il a toujours rêvé de pouvoir occuper, et qui demeure, et demeurera<br />

jusqu’à la fin, quand bien même Natanson, Fénéon et Mirbeau, figures notables de La Revue<br />

blanche, ne manqueront pas de lui venir en aide avec insistance, son lieu de vie.<br />

Ainsi, comme l’écrit Henri Béhar, étant donné qu’il est possible de « regrouper les auteurs et<br />

livres » de la liste des livres pairs dans Faustroll « en trois catégories », et si « la première rassemble<br />

les lectures d’enfance et de jeunesse » et « la seconde est composée des « Phares » qui ont<br />

influencé sa formation littéraire », la troisième, qui nous intéresse ici, est « faite des Symbolistes,<br />

compagnons du Mercure de France et du Phalanstère de Corbeil. 2 »<br />

Et Jarry va jusqu’à faire en sorte que cette dernière soit « confirmée – et magnifiée – par les<br />

îles, univers imaginaires visités par Faustroll au cours de son périple. 3 »<br />

Aussi la dynamique par quoi Jarry tisse sa filiation au sein du Mercure de France s’exprime-t-elle<br />

à trois niveaux lesquels sont, au moins, peut-on penser, pour lui, indéfectiblement liés : les<br />

comptes rendus, puis la mention des livres pairs et les citations, plus ou moins recomposées,<br />

réinventées, qui en découlent (dans le chapitre « Du petit nombre des élus »), et enfin les îles,<br />

quand bien même il peut s’agir au sein de certaines d’entre elles de laisser s’exprimer librement la<br />

raillerie (comme avec Loti, ou encore, possiblement, avec Louis Lormel).<br />

Mais alors, la haine exprimée vis-à-vis de Loti, qu’est-ce d’autre pour Jarry qu’une façon<br />

d’énoncer en force un point de vue partagé pleinement par Gourmont, ainsi que (notamment)<br />

par Rachilde, façon en somme de déployer l’apologie du Même en stigmatisant férocement<br />

l’altérité, raillée au sein du cénacle du Mercure de France (l’altérité ainsi pour Le Mercure de France), et<br />

de ce fait d’affirmer avec plus de force encore, s’il était possible, ses liens, nombreux et<br />

protéiformes, avec la maison d’édition de Vallette ?<br />

Et la façon qu’a Jarry de railler Lormel, n’est-ce pas, là encore, la marque d’une volonté<br />

d’implicitement se rapprocher du Mercure de France, puisque Lormel avait qualité de directeur de<br />

publication de L’Art littéraire, et que Jarry a quitté cette petite revue justement pour rejoindre Le<br />

1 OC III, p. 686.<br />

2 Henri Béhar, op. cit., p. 177.<br />

3 Ibid.<br />

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