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Aussi peut-on avoir parfois l’impression, plus d’un siècle après, de surprendre Jarry « la main<br />

dans le sac », en délit de vol de texte (il y a une forme très forte de « bluff 1 » affiché chez Jarry),<br />

quand bien même il ne s’agit pas de plagiat puisqu’il s’agit pour Jarry de porter la parole du livre<br />

dont il rend compte jusqu’aux yeux et aux oreilles du lecteur, afin de remplacer tout commentaire<br />

possible – toute exégèse faisant figure de facto d’obstacle indéracinable entre le lecteur et le texte<br />

qu’il croit, en tant que lecteur soucieux des nouveautés, s’approprier, ne fût-ce que légèrement,<br />

par le biais de sa lecture, fût-elle non complète et/ou épisodique, de la partie de La Revue blanche<br />

dévolue aux comptes rendus – au moyen d’un seul écho précis de la parole de l’auteur, cherchant<br />

ainsi à offrir une passerelle directe entre l’auteur et le lecteur, ce qui doit être pour Jarry, peut-on<br />

penser, la visée première du compte rendu, l’auteur de Messaline tenant à supprimer, pour ce qui<br />

est tout du moins de la plupart de ses comptes rendus, toute médiation critique, ce qui est bien<br />

évidemment un fantasme de critique car le découpage qu’opère Jarry – prélevant au sein du texte<br />

des passages qu’il juge significatifs en cherchant, semble-t-il, au moyen du montage qu’il opère<br />

ensuite avec ceux-ci, à donner une image fidèle de la totalité de l’ouvrage (l’exemple circonscrit<br />

vaut ainsi, peut-on penser, surtout en tant qu’image fantasmée de la totalité) – ne peut que<br />

parvenir en définitive à offrir une lecture qui restitue de façon parcellaire l’ouvrage en prenant le<br />

détail pour l’ensemble, le regard du critique se déployant en épousant le mécanisme propre à la<br />

synecdoque, se focalisant sur l’un (ou quelques-uns) des aspects du propos de l’ouvrage pour le<br />

(ou les) grandir afin de lui (ou leur) donner toute l’importance du développement (en ce qui<br />

concerne les ouvrages scientifiques dont La psychologie de l’Amour fait évidemment partie) qui se<br />

déploie à partir de la problématique affichée jusque fréquemment dans le titre, alors qu’au<br />

contraire il semble que ce qui peut être détaché de l’ouvrage est justement ce qui est<br />

suffisamment hétérogène par rapport à l’ensemble, par rapport aux structures qui le parsèment,<br />

pour pouvoir être retiré et acquérir une autonomie, étant décontextualisé.<br />

Peut-on aller pour autant jusqu’à dire que c’est ce qui fait exception par rapport à l’ensemble ?<br />

En réalité, ce semble être ce qui fait figure de singularité (de l’avis du critique bien évidemment),<br />

ce terme devant être pris ici dans le sens d’intéressante dissonance (eu égard à la platitude, dans le<br />

sens de non relief, de la totalité) entrant en résonance avec les préoccupations du critique,<br />

exogènes à la vision qu’il porte sur l’ouvrage ou plus fréquemment lui étant endogènes :<br />

« « extraire » suppose [toujours] au minimum une analyse qui repérera les linéaments de ce qui est<br />

détachable, et qui peut donc être considéré, sinon comme un corps étranger, au moins comme un<br />

1 Paul Edwards, op. cit.<br />

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