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CONCLUSION.<br />

1. Un travail fondamentalement alimentaire ?<br />

Les textes critiques de Jarry parus entre 1900 et 1905 concernent uniquement, si l’on excepte<br />

le compte rendu de la « Neuvième exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles » publié dans La<br />

Revue blanche le 15 avril 1902, les livres et les représentations théâtrales. Parus presque<br />

exclusivement à La Revue blanche, ils sont nombreux. C’est ce qui frappe immédiatement l’esprit,<br />

car, auparavant, entre 1891 et 1897, Jarry n’a livré « qu’un nombre réduit de critiques<br />

littéraires […]. Ses modèles esthétiques sont en effet, à cette époque, bien moins textuels que<br />

picturaux […] 1 ».<br />

Il est vrai que ce travail de critique est, outre son travail de chroniqueur, ce qui permet à Jarry<br />

de subsister. C’est surtout sensible lorsque l’on aborde le pan de l’œuvre critique de Jarry en lien<br />

avec le théâtre, l’auteur d’Ubu Roi rendant compte des pièces sans les voir, l’idée qu’il s’en fait<br />

devenant moteur à rêverie, à spéculation.<br />

L’on comprend à quel point il fut vital pour l’auteur du Surmâle de rédiger de nombreux<br />

comptes rendus, qui plus est à une époque où les problèmes financiers se firent, le suivant de<br />

près, ne lui laissant aucun répit, de plus en plus importants, ruinant sa vie.<br />

Néanmoins, La Revue blanche rémunérait au feuillet (suivant ainsi la logique propre au<br />

fonctionnement des organes de presse, qu’adoptait notamment, mais avec un tarif différent, Le<br />

Mercure de France ou encore L’Ermitage), et la plupart des textes critiques de Jarry, du moins pour<br />

ce qui est des notes de lecture, frappent immédiatement par leur grande concision.<br />

La taille était-elle imposée par Fénéon ?<br />

Il semble que cela ne soit pas le cas, car Jarry peut s’attacher à ce que son compte rendu<br />

gagne en longueur (mais sans perdre toutefois, pour ce qui est de sa critique littéraire mais non<br />

théâtrale, en concision intrinsèque), lorsqu’il rend compte d’un volume de la traduction de<br />

Mardrus des Mille et Une Nuits, par exemple.<br />

En outre, cet art remarquable de la concision était propre à Jarry, et ce depuis que sa carrière<br />

littéraire prit impulsion et forme 2 . Par celui-ci, tel qu’il fut déployé dans les pages de La Revue<br />

blanche, l’auteur de La Chandelle verte cherche précisément à montrer que le trop lisible pose<br />

question, et peut même apparaître aussi équivoque, aussi opaque que l’illisible.<br />

1 Alfred Jarry, Œuvres complètes, sous la direction d’Henri Béhar, tome I, édition établie, présentée<br />

et annotée par Henri Béhar, Isabelle Krzywkowski et Julien Schuh, Classiques Garnier, à paraître,<br />

p. 368.<br />

2 Voir notamment Julien Schuh, Alfred Jarry – Le Colin-Maillard cérébral, Étude sur les dispositifs de<br />

diffraction du sens, Thèse de doctorat, Paris IV, 2008.<br />

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