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deux hypo<strong>thèse</strong>s – celle qui consiste à affirmer, comme nous l’avons fait, que Jarry proclame par<br />

le recours à la conception de l’ontogénie l’existence du progrès, celle qui consiste à reconnaître<br />

qu’il nie ce progrès – doivent être envisagées successivement, ainsi que nous nous y attelons ;<br />

l’une ne devant pas être niée au profit de l’autre, un tel choix demeurant par trop arbitraire, quand<br />

bien même la seconde hypo<strong>thèse</strong> que nous analysons présentement semble plus à même de<br />

répondre aux ambitions de l’auteur de Messaline), Jarry combattant, même uniquement en creux,<br />

les conceptions alors très répandues de Ferdinand Brunetière qui défendit une théorie de<br />

l’évolution des genres littéraires, cherchant à augmenter l’étude littéraire au moyen des avancées<br />

propres aux branches scientifiques vulgarisées par le biais de l’évolutionnisme 2 , comme l’auteur<br />

de Messaline le stipulera dans son compte rendu de « Gymnase : Le Secret de Polichinelle, de M. Pierre<br />

Wolff. – [Gestes] : Le Secret de Polytechnique, de M. Hinstin » publié dans La Revue blanche du 15<br />

janvier 1903, écrivant : « C’est là un sujet si vieux […] qu’il est redevenu en vérité tout neuf. »<br />

2. 2. Réhabilitation du cliché et de l’anachronisme.<br />

En outre, dans son compte rendu de « Odéon : Le Dernier Rêve, de M. Maurice Magre ; La<br />

Rabouilleuse, de M. Émile Fabre. – Trianon : Le Cochon, de MM. Raoul Ralph et Émile Codey »<br />

inséré dans La Revue blanche du 1 er avril de la même année, Jarry ajoute : « Il est bien qu’une<br />

littérature jeune se substitue aux « clichés » du passé ; malheureusement, en moins de temps qu’il<br />

n’en faut pour l’écrire, le neuf devient un nouveau cliché. Il se vulgarise trop vite, parce que,<br />

catalogué moderne, il est une mode... ».<br />

Il synthétisera cette idée le mois suivant, dans La Plume cette fois, au sein de sa chronique<br />

titrée « Ce que c’est que les ténèbres », notant : « les clichés sont l’armure de l’absolu », allant ainsi<br />

jusqu’à proclamer la suprême valeur du cliché, après lui avoir implicitement refusé cette<br />

appellation du fait de la réalité comme quoi le cours historique transforme invariablement la<br />

nouveauté en cliché.<br />

Aussi celui-ci ne peut-il qu’être destitué de son identité, puisque pour Jarry le propre du<br />

cliché est de l’être en soi, et non relativement à un moment historique, ce qui signifie que si le<br />

moment historique précédant le temps d’affirmation du cliché en tant que cliché voit exister<br />

celui-ci en tant que non cliché, quand bien même ce moment n’est pas situable<br />

1 OC I, p. 705.<br />

2 Voir Ferdinand Brunetière, L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature, « leçons professées à<br />

l’Ecole normale supérieure », tome 1 er , Hachette, 1890 – cet ouvrage fut réédité trois fois du<br />

vivant de Jarry.<br />

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