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Mauclair, que rejoint absolument Jarry (celui-ci n’a-t-il pas voulu entrer au Mercure de France en<br />

proposant justement une traduction ?), s’oppose ici notamment à Sarcey qui organise dans ses<br />

articles et ses positions presqu’idéologiques la défense « d’une tradition de l’esprit français face à<br />

la séduction de l’étranger […] – Sarcey ne goûte point Ibsen et le fait savoir avec force 1 » (c’est<br />

pour cette raison également, peut-on penser, que Jarry blâme autant ce critique) et, en outre, fait<br />

allusion à la réaction nationaliste survenant face à l’ « augmentation réelle du nombre des<br />

traductions » et émanant de « certains critiques qui accusent les romanciers étrangers de plagier le<br />

roman français et de lui nuire 2 » ; c’est, bien évidemment, « trouver trop commodément un bouc<br />

émissaire à la crise du roman 3 », comme le reconnaît Elisabeth Parinet.<br />

Comme le résume Michel Arnauld dans La Revue blanche en 1902, au sujet de la parution de<br />

Pablo de Ségovie qu’a loué Jarry juste avant dans les pages de la même Revue blanche : « Comment<br />

ose-t-on déplorer l’invasion des lettres étrangères ? 4 »<br />

Camille Mauclair, dans la rubrique « Échos divers et communications » du Mercure de France,<br />

en 1893, parlant des projets que porte jusqu’à la réalisation le théâtre de l’Œuvre de Lugné-Poë,<br />

écrit en ce sens : « Enfin, s’étonnera-t-on de nous voir seulement occupés d’auteurs étrangers ? 5 »<br />

— Ouverture de La Revue blanche sur l’étranger.<br />

Les petites revues témoignent à leur mesure de cet intérêt constant pour l’étranger :<br />

remarquons ainsi que Jarry publie ce présent compte rendu dans La Revue blanche qui « se veut très<br />

ouverte sur l’étranger (Nietzsche, le théâtre scandinave, les nouveaux auteurs russes, comme<br />

Tchekhov et Gorki, figurent à ses sommaires) 6 », exactement comme Le Mercure de France qui<br />

donne avec constance des « fragments étrangers 7 », comme le constate Camille Mauclair au sein<br />

des Essais d’art libre dans la rubrique « Revue des revues » en 1892, que ce soit du reste au sein de<br />

la revue, ce que note Mauclair, ou dans la maison d’édition qui y est rattachée, laquelle « fait un<br />

1<br />

Jean-Thomas Nordmann, « La « relation critique » au XIX° siècle », Histoire de la France littéraire,<br />

tome 3, Modernités, XIX°-XX° siècle, Presses universitaires de France, collection Quadrige, 2006, p.<br />

476.<br />

2<br />

Elisabeth Parinet, « L’édition littéraire, 1890-1914 », Dir. Henri-Jean Martin et Roger Chartier,<br />

en collaboration avec Jean-Pierre Vivet, Le livre concurrencé, 1900-1950, Histoire de l’édition française,<br />

tome IV, Promodis, 1986, p. 158.<br />

3<br />

Ibid.<br />

4<br />

La Revue blanche, tome 28, mai-août 1902, p. 638.<br />

5<br />

Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 191.<br />

6<br />

Christophe Charle, Le siècle de la presse (1830-1939), Seuil, collection L’Univers historique, 2004,<br />

p. 180.<br />

7<br />

Essais d’art libre, tome I, février-juillet 1892, Genève, Slatkine Reprints, 1971, p. 144.<br />

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