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sommets des poumons ; sur l’œsophage en haut, la limite du pharynx, en bas, l’endroit où<br />

l’œsophage devient rugueux et plissé. 5) De « déchirer », c’est-à-dire de tuer l’animal avec un<br />

couteau éraflé, ou d’arracher la trachée et l’œsophage au lieu de les couper. 6) De pénétrer dans la<br />

colonne vertébrale et de léser la moelle épinière. […] Nous pouvons ensuite déduire de ces<br />

préceptes les caractères qui permettraient à un expert d’affirmer qu’une incision donnée est une<br />

incision rituelle : 1) Il faut que l’incision ait été faite par un instrument très tranchant et d’un seul<br />

coup ; 2) Il faut que les parties molles du cou soient également sectionnées des deux côtés de la<br />

ligne médiane ; 3) L’incision ne peut être dite rituelle, si elle a traversé les vêtements avant<br />

d’atteindre le cou (cas de Xanten) ; 4) L’incision doit être faite sur la trachée, et non plus haut (cas<br />

de Xanten et de Polna). 1 »<br />

7. Jarry fait peut-être allusion au passage suivant : « […] dans aucun des cas où la question a été<br />

soulevée la preuve de l’incision rituelle n’a pu être faite. Cela est facile à comprendre, si l’incision,<br />

pour être rituelle, doit réunir tous les caractères que nous avons énumérés. 2 »<br />

Sur cette question chère à Jarry du raffinement dans le meurtre, qui s’inscrit pleinement dans<br />

« toute une réécriture esthétique du crime, qui est aussi », du Château d’Otrante d’Horace Walpole à<br />

Baudelaire en passant par De Quincey, « l’appropriation de la criminalité sous des formes<br />

recevables 3 » comme le constate Michel Foucault, voir la chronique « L’homme au sable », le<br />

compte rendu de De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts, traduit par André Fontainas, de<br />

Thomas de Quincey, mais également, même si peut s’y lire aussi un mépris affiché pour<br />

l’antiseptie défendue alors en masse par les hygiénistes, la fin de la chronique « L’art de mourir »<br />

parue dans La Plume le 15 juillet 1903, où le titre seul montre combien la mort peut, idée<br />

commune en cette fin-de-siècle, s’ériger en art, de par tout le raffinement qui peut y être rattaché.<br />

En conférant une beauté esthétique à la mort, et aux circonvolutions compliquées par quoi<br />

elle paraît, au travers de l’expression de la cruauté, il s’agit pour Jarry, de façon sous-jacente, de<br />

combattre l’une des expressions de la pensée de Bergson dont il a recopié le cours : « Du moment<br />

que la société n[ou]s apparaît comme un organisme vivant […], il semble immédiate[men]t que<br />

l’individu n’aura d’existence qu’en tant qu’il contribuera à la vie du tout […] 4 ».<br />

En outre, cette question de la morbidité reliée presque ontologiquement à l’efflorescence<br />

esthétique – qui se donne cours jusqu’au travers des modalités de l’écriture « artiste » – doit être<br />

reliée aux descriptions de la mort (et particulièrement du suicide) dans les romans antiquisants de<br />

1<br />

Id., p. 78-80.<br />

2<br />

Id., p. 80.<br />

3<br />

Michel Foucault, Surveiller et punir, « naissance de la prison », Gallimard, collection Tel, 1993, p.<br />

82.<br />

4<br />

Cours Bergson, Cahier D, Ms 21133-B’-I-13 (5/6), Fonds Jacques Doucet, p. 100.<br />

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