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magistrats le droit de juger et qui, honteux en secret de jouer un rôle si méprisable, est plus<br />

suspect, hélas ! d’acrimonie que de bienveillance ? 1 »<br />

1. 4. 3. Importance de la figure de Brunetière.<br />

Si le critique a d’emblée le statut de juge, jusque dans la bouche de Quillard, c’est surtout du<br />

fait de la prédominance, de l’omnipotence presque, de la figure de Ferdinand Brunetière ; ainsi<br />

que l’écrit dans Le Mercure de France en 1898 Robert de Souza, rendant compte du Manuel de<br />

l’Histoire de la Littérature française de Brunetière (Delgrave) : « M. Ferdinand Brunetière fut<br />

longtemps notre Procureur de Lettres. [...] Le rôle de Brunetière fut longtemps de requérir ; et les<br />

poètes l’accusèrent de requérir les yeux fermés. 2 »<br />

Brunetière dans l’article « Critique » de la « Grande Encyclopédie publié en 1890 3 » annonce en<br />

effet : « La critique n’est pas un genre à proprement parler ; rien de semblable au drame ni au<br />

roman, mais plutôt la contrepartie de tous les autres genres, leur conscience esthétique, si l’on<br />

peut dire, et leur juge. 4 »<br />

Le 1 er février 1882, La Revue des Deux Mondes, dont Brunetière est alors le secrétaire de<br />

rédaction (il n’en devient le directeur qu’en 1893) publie un article sur « La critique<br />

contemporaine et les causes de son affaiblissement ». Elme-Marie Caro, qui en est l’auteur,<br />

affermit la conception de Brunetière, semblant de la même façon « ne pouvoir parler de la<br />

critique que par figures judiciaires. Il regrette le temps où les critiques, « investis d’une sorte de<br />

juridiction sur toutes les œuvres nouvelles », exerçaient une « magistrature intellectuelle » ; il ne<br />

trouve plus de « tribunal » 5 ».<br />

Léon Blum se souviendra de cette conception lorsqu’en 1896, remplaçant « le dogmatique<br />

Lucien Mulfeld à la rubrique littéraire » de La Revue blanche, prenant « soin de se démarquer de son<br />

prédécesseur », il écrira que la critique n’est pas « un jury d’examen ou une gendarmerie<br />

littéraire [...] ». 6 »<br />

Pour Caro, juger reste un impératif. « [I]l faut que la critique juge », écrit Brunetière. Il est peu<br />

d’idées sur lesquelles Brunetière « insiste davantage ; il n’en est pas que son œuvre mette<br />

davantage en pratique. La critique, pour Brunetière, comme la critique de Brunetière, n’est pas<br />

1<br />

Le Mercure de France, op. cit., p. 269.<br />

2<br />

Le Mercure de France, n° 97-99, tome XXV, janvier-mars 1898, p. 549.<br />

3<br />

NORDMANN, p. 12.<br />

4<br />

Propos cité dans Ibid. Voir aussi R.-J. Berg, op. cit., p. 59-60.<br />

5 Id., p. 7.<br />

6 Id., p. 129.<br />

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