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qu’un livre m’a paru bon, dire qu’il m’a amusé et s’est laissé lire en trois heures, c’est dans l’ordre<br />

du jugement ou du fait, dire une même chose. 1 » « J’ajouterai : le plaisir et la rapidité de lecture,<br />

qui sont tout pour le lecteur, pour le critique ne sont qu’un signe. Signe que le livre est bon ; il lui<br />

reste à diagnostiquer avec précision sa vertu. 2 »<br />

Ainsi, Muhlfeld dépasse résolument l’expression « d’une simple critique impressionniste 3 »,<br />

développant avec attention ses « facultés de jugement 4 » : si l’impressionniste a pour lui « raison<br />

quand il se fie d’abord à la sensation qu’il a ressentie, il a tort quand il s’en tient là […] : l’objectif,<br />

c’est « la raison approuvant l’instant ». Le jugement caractérise donc, selon Muhlfeld, le vrai<br />

critique 5 ».<br />

En outre, le critique de La Revue blanche va jusqu’à stigmatiser fortement cette forme de<br />

critique : « Le critique impressionniste intransigeant en est réduit à entourer cinq lignes délayant<br />

péniblement son sentiment, de commentaires ésotériques, souvenirs de jeunesse, évocations de<br />

lectures analogues, citations, congratulations ou injures. Et en des mains expertes le procédé peut<br />

avoir son agrément. Il ne relève pas de la critique 6 ».<br />

Par conséquent, contrairement à Muhlfeld, Jarry, envisageant le plaisir de la lecture comme<br />

finalité et non comme simple signe, s’inscrit pleinement dans la mouvance critique<br />

impressionniste réagissant contre les critiques dogmatiques et scientifiques « en affirmant les<br />

droits d’une critique […] du plaisir 7 ».<br />

1. 3. 3. La critique : art de jouir des livres et de communiquer cette jouissance.<br />

Selon Lemaitre, « la critique est l’art de jouir des livres 8 » et il s’agit de ne jamais laisser se<br />

produire l’ « affaiblissement » de ses « facultés de jouissance livresque 9 », en faisant de la lecture ce<br />

qui n’a pas de cesse. La lecture est, et c’est là tout son intérêt, ce qui procure une satisfaction.<br />

Ce terme est pivot dans la démarche de Jarry : il l’utilise dans son compte rendu du douzième<br />

tome du Livre des Mille Nuits et Une Nuit : « Il nous manquait une satisfaction due aux Mille Nuits et<br />

1 Id., p. 51.<br />

2 Id., p. 52.<br />

3 BOURRELIER, op. cit.<br />

4 Ibid.<br />

5 Ibid.<br />

6 La Revue blanche, op. cit.<br />

7 Raphaël Molho, La critique littéraire en France au XIX° siècle, ses conceptions, Buchet / Chastel, 1963,<br />

p. 33.<br />

8 Propos cité par Paul Otlet, Traité de documentation, le livre sur le livre, théorie et pratique, Bruxelles,<br />

Palais mondial, 1934, p. 311.<br />

9 La Revue blanche, op. cit.<br />

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