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éternel. La réalité métaphysique de ce vaste problème est telle, que l’on peut concevoir maintenant<br />

l’omniprésence du monde en toute sa durée. Les événements s’évanouissent pour le lieu qui les a<br />

fait naître, mais demeurent dans l’espace. […] Toute l’histoire de la Terre, et la vie de chacun de<br />

ses habitants pourraient donc être vues à la fois par un regard qui embrasserait cet espace. 1 »<br />

— Renverser l’effroi : nécessité de la maîtrise de la mécanique céleste.<br />

Mais c’est surtout avec L’Amour absolu (publié sous forme autographique en 1899) que Jarry<br />

annihilera de facto la dépendance de l’homme vis-à-vis de la mécanique céleste en faisant<br />

d’Emmanuel celui qui influence véritablement les étoiles : « C’est une étoile fixe. / Elle est plus<br />

noble que les astres du monde : elle a la place du ciel, d’une couronne ou du couperet, dernière<br />

imposition du diadème. / Elle s’appelle zénith. / Elle n’est point née d’une nébuleuse. /<br />

L’homme est l’huile de cette lampe. […] L’homme qui est sous cette étoile est, quel qu’il soit et<br />

quelles que soient ses circonstances, un homme considérable. / Il a fait une étoile. / Ce n’est pas<br />

un astronome : les astronomes, plus tard, les découvrent. Plutôt un astrologue : cette étoile<br />

s’allume à cause de son avenir. C’est un homme dans le genre de Dieu. 2 »<br />

En 1898, l’année où fut écrit L’Amour absolu, avec L’Amour en visites, Jarry développait<br />

incidemment cette idée dans le chapitre intitulé « Chez la Muse » : « Couchons-nous de notre<br />

long. Les étoiles sont semblables aux échidnes vertes des châtaignes, leurs petits rayons aigus<br />

vous entrent dans les yeux. Je fermerai donc les yeux, et, chose des plus normales, ce seront mes<br />

cils qui crèveront les étoiles. 3 »<br />

Ainsi, « gravi[r] l’échelle des sphères […] », formulation présente dans le chapitre intitulé « La<br />

Peur chez l’Amour » de L’Amour en visites 4 , n’est pas suffisant. Il s’agit pour l’homme (comme<br />

Marcueil, Sacqueville ou Lucien) ou la femme (telle Messaline) d’être, dans sa quête de l’absolu, à<br />

proprement parler un « Surmâle » : « […] les temps appellent […] l’homme qui fixe leur devenir 5 »<br />

comme le résume Jarry dans Albert Samain (Souvenirs) à la fin de son existence.<br />

— Jarry face à Schwob : l’homme devenu comète ou météore.<br />

1 Camille Flammarion, Lumen, E. Flammarion, 1887, p. 102-103.<br />

2 OC I, p. 920.<br />

3 Id., p. 892.<br />

4 Id., p. 884.<br />

5 OC III, p. 534.<br />

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