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La force du « Linteau » paradoxalement tient en ce qu’il s’affirme dans une relative autonomie<br />

par rapport à la parole de l’auteur – de son auteur – (bien que Jarry redouble en quelque sorte sa<br />

signature présente sous le jour d’initiales par la mention de la date pour forme de précise<br />

contextualisation 1 ). La force de sa valeur assertive tient justement à cette (relative) autonomie.<br />

La parole de l’auteur pourrait être indéfectiblement et unitairement double, créatrice au fil du<br />

recueil et distanciée dans cette manière de préface mais le lecteur échoue inévitablement à<br />

considérer la parole de l’auteur comme étant intrinsèquement et continument double, choisissant<br />

toujours, de par son statut même de lecteur, une parole, en l’occurrence la parole créatrice,<br />

comme devant primer sur l’autre – puisque la visée de la lecture est l’œuvre et non la préface, a<br />

contrario du cheminement de l’auteur 2 ; et ainsi la parole n’est-elle finalement pas duelle dans son<br />

unité mais son unité est bien plutôt masquée par cette dualité, la parole créatrice se voyant<br />

augmentée d’une parole autre à visée explicitative étant manière d’avertissement ; aussi le propos<br />

de l’auteur apparaît-il dans le « Linteau », de par la distanciation suivant laquelle il se meut et la<br />

dualité – ne pouvant être contenue dans un principe d’unité – teintée d’a priori critiques en<br />

laquelle cette distanciation s’enracine, comme un propos finalement autre (là demeure, en<br />

définitive, toute sa force, – c’est-à-dire toute sa force d’impact sur l’intérêt et sur la curiosité du<br />

lecteur).<br />

Si Jarry appose à son premier livre une préface qui cherche ouvertement à se tenir à l’opposé<br />

des préfaces (si elle prend le nom, en plus du sens, noble, de Linteau, c’est bien aussi parce qu’elle<br />

ne se veut pas préface), le « Linteau » reste bien une préface comme nous l’avons vu, ne serait-ce<br />

que par prétérition : Jarry affirme ainsi paradoxalement dans son texte liminaire qui a de facto<br />

figure de commentaire qu’il n’y a aucune légitimité à ce qu’une préface paraisse, à ce qu’un<br />

commentaire existe, puisque l’auteur ne saurait être plus « clair » dans une préface que dans<br />

l’œuvre au sein de laquelle il a exprimé tout ce qu’il avait à exprimer 3 .<br />

3. 4. 5. 3. Affirmation de la supériorité de l’auteur sur tout critique.<br />

Si l’on peut ordinairement trouver des préfaces dans semblables premières publications, où la<br />

modestie, affirmée avec forme de redondance, apparaît comme étant de rigueur, il ne se produit<br />

pas la même chose chez Jarry. A contrario même, Jarry utilise une préface en apparence seulement<br />

teintée de modestie pour se débarrasser de ce principe de premier livre qui pourrait contaminer la<br />

lecture faite de ses écrits réunis sous le titre Les Minutes de sable mémorial.<br />

1 Voir OC I, p. 173.<br />

2 « Il est bon d’écrire une théorie après l’œuvre, de la lire avant l’œuvre », écrit Jarry (Id., p. 172).<br />

3 Voir Id., p. 173.<br />

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