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Il se place ainsi dans la lignée de très nombreux critiques œuvrant dans les petites revues, et<br />

notamment dans Le Mercure de France, l’un des exemples les plus symptomatiques demeurant le<br />

compte rendu d’Edouard Dubus de Les Dernières Fêtes d’Albert Giraud (Bruxelles, Paul<br />

Lacomblez) inséré dans Le Mercure de France en 1891 : « M. Albert Giraud montre, en son très<br />

élégant volume […] une connaissance approfondie des poètes les plus modernes. La forme est<br />

toujours impeccable, mais tel de ses poëmes rappelle Baudelaire, tel autre Leconte de l’Isle, tel<br />

autre Verlaine. Il n’est pas jusqu’à Saint-Pol-Roux qui ne puisse revendiquer « un masque où la<br />

fièvre allume ses cactus » et « des regards éperviers pour des chasses mauvaises ». 1 »<br />

La comparaison lorsqu’elle assoit le jugement critique permet à l’exégète de reconnaître ou de<br />

réfuter l’originalité supposée de l’ouvrage, puisque celui-ci à parution se voit affublé du statut de<br />

nouveauté, avec presque toujours à la clé, lorsqu’elle se déploie avec force, une réfutation de cette<br />

implicite singularité, ce qui est bien perceptible dans la bibliographie de Dubus.<br />

2. Quelle posture adopter quand on est critique ?<br />

2. 1. La posture de critique se confond pour Jarry avec l’abandon de celle-ci.<br />

Le refus de la posture critique que Jarry exprime néanmoins avec force (ses jugements<br />

apparaissant surtout comme l’expression d’un désir d’expression d’une identité littéraire qui<br />

s’inscrive dans une identité commune définie grosso modo par les contours du Mercure de France<br />

comme nous l’avons vu) passe par le mépris du critique journaliste s’adonnant à la critique certes,<br />

mépris partagé par la plupart des critiques œuvrant au sein des petites revues, du critique<br />

universitaire, mais également, ce qui est plus paradoxal, de tout critique, y compris celui, peut-on<br />

penser, qui, auteur par ailleurs, écrit dans les petites revues auxquelles Jarry appartient de fait.<br />

Aussi pour affirmer de façon extrêmement sous-jacente ce mépris l’auteur du Surmâle va-t-il<br />

jusqu’à organiser, comme l’ensemble de notre annotation cherche à le montrer, l’effacement<br />

progressif de son propre propos critique (puisque c’est de fait la posture qu’il revêt ; quand bien<br />

même il s’en détache, il ne peut pour autant l’annuler, étant donnée la place qui est la sienne au<br />

sein de La Revue blanche par le biais de ses bibliographies), afin que seule la réalité de l’ouvrage<br />

chroniqué puisse advenir.<br />

Par le biais du développement de l’intertextualité silencieuse qui colore, ainsi que nous le<br />

verrons, presque uniformément le discours critique de Jarry (car le « je », quand bien même il est<br />

absent, n’en est pas moins présent avec force, colorant chaque phrase de son pouvoir, puisque<br />

l’acte énonciatif propre au compte rendu suppose sinon un jugement du moins une prise de<br />

1 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, janvier-juin 1891, p. 313.<br />

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