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à l’élaboration de la presse, comme quoi œuvrer pour elle équivaut à prostituer sa plume : « Un<br />

homme de lettres qui, pour gagner strictement sa vie, se livre à des écritures ou médiocres ou<br />

volontairement médiocrisées, fourrées, selon la nécessaire clientèle, de cédrats ou de piments,<br />

n’est par cela même nullement condamnable : la liberté est une maîtresse qu’on ne paie jamais<br />

trop cher 1 ». Cette argumentation que l’on retrouve ça et là vise à montrer en définitive qu’ « [o]n<br />

peut donc être à la fois un artiste et un journaliste 2 », fût-ce à deux moments bien distincts.<br />

Celui qui est véritablement haï, ce n’est pas en définitive l’écrivain pouvant publier<br />

épisodiquement des articles dans la presse pour subvenir à ses besoins, pas même l’auteur qui<br />

comme Mirbeau publie en feuilletons ses romans pour en tirer un revenu substantiel, mais<br />

(principalement) le critique de profession qui a ses habitudes dans la presse et qui ne fait pas<br />

œuvre de romancier ou de poète, même si « [l]e journal […] ne se développe qu’en se référant<br />

sans cesse au livre et s’impose pour l’essentiel contre lui, en un rapport de rivalité évidemment<br />

faussé par la confusion fréquente du « journaliste » et de l’écrivain. Faute d’avoir conquis son<br />

autonomie face à la littérature – l’Affaire Dreyfus étant l’occasion de cette autonomisation de la<br />

presse –, le journal est jusqu’au tournant du siècle contraint à se définir par rapport à elle. Cette<br />

concurrence détermine une forme très spécifique de la critique littéraire, assez largement<br />

répandue dans la presse, encore qu’elle ne soit pas absolument unique. 3 »<br />

2. 3. La critique journalistique.<br />

2. 3. 1. Apogée de la critique journalistique.<br />

Et le « Second Empire voit l’apogée de la critique journalistique. 4 » Cette critique<br />

journalistique demeure, pour le public, la forme la plus importante sinon la seule forme de<br />

critique. La critique « est véhiculée par les journaux et périodiques dont le nombre 5 » s’accroît<br />

constamment : de plus en plus, « les œuvres légitimes doivent, pour accéder au public lettré, être<br />

maintenant passées au préalable par un crible, celui des journaux et des revues, avant de toucher<br />

directement les lecteurs éclairés 6 ».<br />

1 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, janvier-juin 1891, p. 168-169.<br />

2 Le Mercure de France, n° 37-40, tome VII, janvier-avril 1893, p. 274.<br />

3 Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « « Contes de lettres » et écriture de soi : la critique<br />

littéraire dans le journal au XIX° siècle » », Dir. Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant, Presse et<br />

plumes, Journalisme et littérature au XIX° siècle, Nouveau monde éditions, collection Culture-médias,<br />

Etudes de presse, 2004, p. 482.<br />

4 NORDMANN, p. 93.<br />

5 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 295.<br />

6 Christophe Charle, Paris fin de siècle, Culture et politique, Seuil, collection L’Univers historique,<br />

1998, p. 89. Voir A. Vaillant, « L’écrivain, le critique et le pédagogue (1840-1909), éléments de<br />

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