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l’indifférenciation, qui fait sens, en rendant ce livre de ce fait intéressant, sans avoir besoin à la<br />

limite d’être dans l’explicitation d’une démarche et d’un point de vue, le critique ne pouvant du<br />

reste le faire, du fait de la brièveté), c’est parce que le compte rendu ne peut être que ce qu’il est, à<br />

savoir un compte rendu, qu’il fonde la valeur du texte, qu’il en fait un texte de valeur.<br />

De par ses insuffisances, ses non-dits, sa brièveté…, le compte rendu est ce qui donne au<br />

texte dont il est question toutes ses lettres de noblesse et ce qui le fait vivre. Là est l’aspect le plus<br />

intéressant et le plus paradoxal du compte rendu.<br />

Il est beaucoup plus laudatif quand il ne dit pas que lorsqu’il décline le dire – cet aveu de<br />

faiblesse, ce constat d’échec ne sont jamais moins laudatifs qu’une myriade d’adjectifs<br />

extrêmement dithyrambiques.<br />

C’est quand il affirme qu’il ne pourra pas dire que le compte rendu glorifie le mieux, en<br />

ménageant en outre dans la conscience du lecteur une envie plus grande encore de découvrir ce<br />

texte dont on ne peut rien dire : le partage avec le lectorat du critique de son regret grandit le<br />

commentaire d’une potentialité, autrement dit d’une critique laudative explicitée qui ne s’y trouve<br />

pas, et pousse ainsi possiblement le lecteur à se renseigner autrement sur l’auteur et l’œuvre dont<br />

il est question, afin de pouvoir actualiser cette potentialité.<br />

En conséquence la brièveté n’est-elle jamais ce qui déforce le compte rendu, mais au contraire<br />

ce qui en constitue toute la force, par-delà même les mots utilisés, et la valeur des arguments<br />

développés.<br />

4. 4. 7. Obligation de renvoyer le lecteur au volume chroniqué.<br />

Néanmoins, les critiques ne semblant jamais prendre véritablement conscience de cette réalité<br />

(du moins ne l’exposant jamais, à notre connaissance, au détour par exemple d’un compte rendu),<br />

ne cessent, dans le cours même de leurs bibliographies, de s’opposer à ce principe de brièveté.<br />

Comment ainsi, pour les critiques, le combattre sans rien renier de la brièveté qui constitue le<br />

compte rendu en tant que compte rendu, c’est-à-dire comment, en somme, combattre ce principe<br />

tout en continuant d’écrire des comptes rendus ?<br />

Ainsi que nous l’avons souligné, les comptes rendus qui irriguent les pages de La Revue blanche<br />

et du Mercure de France en donnant voix aux ouvrages scientifiques ou marginaux demeurent<br />

toujours « insuffisan[ts] 1 », permettant « mal de se faire une idée » du sens des livres commentés,<br />

puisque le compte rendu d’un ouvrage dont le propos est obscur ou ardu nécessite une<br />

1 Le Mercure de France, n° 25-28, tome IV, janvier-avril 1892, p. 361.<br />

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