30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

endre la femme égale à l’homme, on risque de la rendre inférieure à elle-même 1 » – car la femme<br />

incarne prétendument des valeurs proprement féminines qui lui donnent tout son sens en tant<br />

qu’être, toute sa légitimité en tant qu’existence, une fois qu’elle peut les déployer dans le cadre de<br />

l’intimité, dans celui du foyer.<br />

C’est à ce seul cadre que doivent pour tous les détracteurs du féminisme se cantonner son<br />

pouvoir, sa sagacité, son intelligence émotionnelle, la sensibilité de son cœur. Vouloir quitter ce<br />

cadre équivaudrait pour elle inéluctablement à quitter sensiblement son être de femme pour<br />

devenir en une certaine part semblable à l’homme. En une certaine part, car elle échouerait de fait<br />

à devenir homme mais échouerait également à rester femme, perdant, aux yeux des hommes<br />

s’opposant à ce mouvement, tout son charme en même temps que la valeur de son être, eu égard<br />

à la nature. Ainsi, « [à] quel résultat aboutirait le féminisme ? À réduire la femme à une sorte de<br />

rôle d’homme diminué 2 », constate Gourmont.<br />

— La femme : un homme arrêté dans son développement.<br />

Remarquons néanmoins que la femme est déjà considérée, indépendamment des réactions se<br />

déployant face à l’emprise de plus en plus marquée du féminisme, par nombre de médecins<br />

comme « intellectuellement et physiquement un homme arrêté dans son développement 3 », ainsi<br />

que le rappellent C. Lombroso et G. Ferrero dans La Femme Criminelle et la prostituée ; cette<br />

perception de la femme comme d’un être inférieur à l’homme semble produire le terrain juridique<br />

spécial où elle se situe mais en vérité c’est bien plutôt ce terrain juridique qui, en partie du moins,<br />

fait naître cette perception : « [o]n tient la femme sous tutelle toute sa vie, elle est traitée comme<br />

une enfant, comme une mineure et presque assimilée aux aliénés 4 », écrit Marie C. Terrisse dans le<br />

premier volume de ses Notes et Impressions à travers le « Féminisme ».<br />

Ce fait prétendument scientifique rappelé par Lombroso et Ferrero tient en outre d’une part<br />

à l’idée selon laquelle la femme parvient à maturité, beauté, accomplissement, beaucoup plus tôt<br />

que l’homme (aussi ses caractéristiques apparaissent-elles logiquement à un degré moindre de<br />

maturité et d’accomplissement, parvenant à leur forme aboutie, eu égard à l’homme, en une durée<br />

bien plus courte) et d’autre part à sa constitution organique que l’on qualifie alors de faible,<br />

1<br />

Paul Laffitte, Le Paradoxe de l’égalité, Librairie Hachette et Cie, 1887, p. VII<br />

2<br />

Paul Escoube, La Femme et le Sentiment de l’Amour chez Remy de Gourmont, troisième édition,<br />

Mercure de France, 1923, p. 28.<br />

3<br />

C. Lombroso et G. Ferrero, La Femme Criminelle et la prostituée, traduction de l’italien par Louise<br />

Meille, revue par Saint-Aubin, Félix Alcan, 1896, p. XIV.<br />

4<br />

Marie C. Terrisse, Notes et Impressions à travers le « Féminisme », I Excursions dans Paris II Cherchez la<br />

femme, III Liberté, Egalité, Fraternité, Librairie Fischbacher, 1896, p. 2.<br />

558

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!