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Et, de plus, l’évolution du style de Jarry dans le sens d’un plus grand relâchement quant à la<br />

syn<strong>thèse</strong> opérée dans les premières spéculations tient davantage à une évolution stylistique<br />

globale, du fait de « l’apprentissage du métier » par Jarry qui l’a poussé à adopter une écriture<br />

s’affichant dans une toujours plus grande clarté. Ainsi l’obscurité de ces textes tient-elle aux<br />

nombreuses références qui sont faites à l’actualité immédiate et qui nous sont maintenant<br />

obscures.<br />

Cette écriture plus claire a déjà pu contaminer de son sceau celle du Surmâle, qui est parallèle<br />

aux spéculations de La Revue blanche, et qui se dresse loin des complications post-symbolistes et<br />

modern’style de Messaline. Que Jarry ait voulu atteindre un plus large public, cherchant pour ce<br />

faire à écrire « comme tout le monde », selon la formulation de Rachilde qui s’était targuée de<br />

pouvoir lui apprendre cela, ne fait aucun doute.<br />

Il est également poussé dans ce sens par l’échec de vente (mais non critique) de Messaline,<br />

sujet d’actualité (du fait du goût alors extrêmement prépondérant pour le roman antiquisant) que<br />

Jarry s’est approprié en visant le best-seller, sans pourtant renier les audaces et les complications<br />

d’un style hermétique.<br />

Ainsi, comme pour Messaline, dans ses chroniques, comme du reste dans Le Surmâle, il s’agit<br />

de prendre à bras le corps les faits d’actualité censés enthousiasmer (et enthousiasmant<br />

effectivement) les foules, leur offrant une lecture toute personnelle qui ne peut, en théorie du<br />

moins, qu’intriguer et amuser (le cyclisme pour ce qui est du Surmâle était une actualité qui<br />

passionnait, et l’aspect « moderne » du roman, à travers l’efflorescence du « roman scientifique » –<br />

Verne, Wells vendent alors beaucoup –, ne pouvait en théorie que susciter l’engouement), mais<br />

en laissant cette fois de côté les complications de la syntaxe, prenant leçon semble-t-il de l’échec<br />

de Messaline, leçon qui donnera lieu aussi à l’écriture des opérettes, genre populaire par excellence,<br />

même si, là encore, il s’agit pour Jarry de le revisiter.<br />

Néanmoins, la part consciente de l’évolution stylistique de Jarry ne doit pas être exagérée. Il y<br />

a également, sans doute, toute une part inconsciente concernant cette évolution si visible. En<br />

effet, Jarry écrivant beaucoup, et devant livrer copie au Canard sauvage tous les quinze jours,<br />

participant à chaque numéro de ce journal, devra ainsi laisser courir son écriture dans une relative<br />

rapidité quant à l’exécution et dans une confiance quant à ses propres moyens d’expression<br />

(puisqu’il ne cessera du reste de s’étendre dans sa correspondance sur sa « paresse naturelle », sans<br />

ironie semble-t-il), alors que les premières chroniques publiées dans La Revue blanche apparaissent<br />

tels des poèmes en prose qui prennent la forme spéculative de la chronique, loin des facilités de la<br />

chronique journalistique et de son humour apparent qui doit apparaître, au détour des nombreux<br />

jeux de mots, comme immédiat, pour ne pas dire facile.<br />

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