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premier numéro sous la plume d’Aurier, c’est comme une définition et non par référence à une<br />

école. 1 »<br />

Néanmoins, même si « la revue n’a pas de doctrine figée et se tient souvent dans la neutralité<br />

lors de querelles théoriques », Jarry, « qui l’a lue depuis ses premiers numéros en bibliothèque à<br />

son arrivée à Paris », la perçoit bien comme une « grande institution symboliste 2 ».<br />

Si l’on écrit que Jarry s’affirme comme l’un des membres du groupe inaliénable (bien qu’en<br />

constante évolution) du Mercure de France, encore faut-il s’arrêter sur le sens du mot « groupe ».<br />

« Groupe » suggère d’emblée que cette réunion d’auteurs ne trouve pas tout son sens dans le<br />

temps de l’histoire qui épouse les inflexions de la contemporanéité tout en étant fortement chargé<br />

mémoriellement, – temps qui a alors pour fonction, pour valeur, en ce qui concerne<br />

particulièrement la poésie, de rassembler fortement –, autrement dit dans l’idéalisme au sein<br />

duquel elle se construit.<br />

En quoi peut-on parler de groupe inaliénable d’idiosyncrasies, alors que les auteurs qui le<br />

constituent publient aussi, dans la grande majorité, au sein d’autres maisons d’édition ?<br />

Cette dissémination n’a pas paradoxalement pour effet la rupture de l’unité du groupe mais<br />

plutôt la conforte, puisqu’elle demeure (malgré la dissémination des écritures le constituant),<br />

s’affirmant de ce fait dans toute sa force et par conséquent son indiscutable légitimité.<br />

Les auteurs du Mercure de France se voient en effet s’adjoindre, de par leur réunion sous l’égide<br />

– sous le joug – du catalogue, une double identité : une identité commune floue, commune à tous<br />

(celle correspondant globalement au symbolisme), et une plus précise, commune à tous ceux qui<br />

s’illustrent dans le même genre littéraire ; il y a ainsi plusieurs identités communes au sein de<br />

l’identité fondatrice du Mercure de France – et un auteur peut en avoir plus de deux, s’il s’illustre<br />

dans différents genres.<br />

Le genre (classe d’œuvre ici définie par des caractères communs déterminant le choix des<br />

moyens) est toujours le fait de l’éditeur et non de l’auteur car, en acceptant une œuvre, l’éditeur<br />

proclame la validité selon lui du mimétisme entre cette œuvre et le genre auquel elle appartient<br />

(ou dit appartenir), façon qu’il a de chercher à répondre à son horizon d’attente concernant un<br />

genre par le choix d’une œuvre permettant de le définir suivant la conception qu’il en a (qu’il en<br />

avait avant de rencontrer l’œuvre).<br />

Ainsi peut-on considérer que le genre n’est pas le fait des auteurs au sein même du Mercure de<br />

France, auquel cas ce concept plus fluctuant n’autoriserait pas de rapprochements évidents, mais<br />

est le fait de l’éditeur qui, de par son pouvoir de choix, affirme à chaque publication l’identité du<br />

1 Michel Décaudin, op. cit., p. 11.<br />

2 Julien Schuh, op. cit., p. 12.<br />

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