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estant, à leurs yeux de fervents idéalistes, une valeur extrême puisque témoignant d’une<br />

idiosyncrasie parfaitement aboutie jusque dans la forme de ce qui naît d’un être), que c’est une<br />

« œuvre bizarre, plus que bizarre, à laquelle j’avoue avoir entendu peu de chose 1 ».<br />

Aussi, Jarry, en choisissant de rendre compte de façon relativement élogieuse de ce livre,<br />

donnant ainsi crédit à cette bizarrerie, et en se plaçant dans la lignée de Remy de Gourmont, fait-<br />

il, là encore, acte de se tourner totalement vers Le Mercure de France, Gourmont étant l’âme de<br />

cette structure éditoriale et y ayant en outre fait paraître son compte rendu de l’œuvre de<br />

Trachsel.<br />

En outre, Aurier fut attentif selon Arnaud à l’œuvre picturale de Trachsel. Or, l’on connaît la<br />

fusion amicale qui exista entre Gourmont et Aurier, Jarry ayant pu, un instant, être le nouvel<br />

Aurier aux yeux de Gourmont : « Tous les peintres découverts et défendus par Aurier », note<br />

Arnaud, « Jarry les fait siens : Gauguin, Van Gogh, Pierre Bonnard, Filiger, Sérusier, Vuillard,<br />

Maurice Denis, Emile Bernard, Ranson, Roussel. Il n’oubliera pas même l’architecte Trachsel […]<br />

qu’Aurier – seul, on s’en doute – voyait porteur d’un « renouveau dans l’art de construire… en<br />

dépit de Vitruve et de l’École des Beaux-Arts ». […] Très vite, Jarry apparaît comme le successeur<br />

d’Aurier et quand Gourmont créera sa somptueuse revue d’estampes L’Ymagier, empruntant son<br />

titre à la rubrique tenue par lui au Mercure de France, en collaboration avec Aurier jusqu’à sa mort<br />

brutale, c’est tout naturellement Jarry qu’il associera à son entreprise. 2 » Le choix de Trachsel<br />

opéré par Jarry se révèle ainsi doublement placé dans la lignée du Mercure de France.<br />

— Le compte rendu comme voie d’accès à la sphère éditoriale.<br />

Pour finir, il faut remarquer que la volonté de l’auteur des Minutes de rendre compte du Cycle<br />

de Trachsel ne témoigne pas d’un intérêt certain présent d’emblée pour l’auteur pas plus que<br />

d’une connaissance de l’homme (le fait qu’il ait pu le rencontrer demeure une hypo<strong>thèse</strong>, que rien<br />

ne vient étayer, notamment en ce qui concerne la correspondance) car à cette époque<br />

précisément où Jarry participe financièrement à L’Art littéraire, y publiant des textes<br />

singulièrement hermétiques, s’il s’agit d’ « exciter » en soi « l’émulation que donn[e] […] la<br />

critique 3 », ainsi que l’exprimait le texte liminaire de la première série de La Revue blanche, ce à quoi<br />

s’emploieront Jarry et Fargue avec singularité, c’est bien parce que la critique est envisagée<br />

1 L’Ermitage, volume 8, janvier-juin 1894, p. 233.<br />

2 Noël Arnaud, Alfred Jarry, d’Ubu roi au Docteur Faustroll, La Table Ronde, 1974, p. 88.<br />

3 La Revue blanche, tome I, octobre 1891, p. 1. Voir Geneviève Comes, La Revue blanche et le<br />

mouvement des idées, <strong>thèse</strong> de doctorat, Lille 3, ANRT, 1988, p. 8.<br />

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