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2. 2. Le lisible aussi opaque que l’illisible ?<br />

En faisant en sorte que l’obscurité dans les comptes rendus mais également dans les<br />

chroniques ne soit pas supprimée, mais déplacée.<br />

À La Revue blanche, l’obscurité est en effet toujours présente mais seulement inapparente.<br />

Comme l’écrit Alfred Vallette dans sa lettre du 9 janvier 1899, « […] ce n’est pas sa langue qui est<br />

obscure. 1 »<br />

L’obscurité n’est plus frontale certes, puisqu’elle ne résulte plus d’une construction syntaxique<br />

savamment complexe, jouant sur l’implicite et les miroitements sémantiques qu’un choix ardu de<br />

vocabulaire et des rapprochements originaux entre les termes instaurent, comme c’est le cas dans<br />

les premiers textes critiques que Jarry publie à L’Art littéraire, rivalisant d’émulation avec Léon-<br />

Paul Fargue, érigeant la critique au rang de poème en prose tout en s’inscrivant dans la vogue<br />

initiée par Gourmont qui va jusqu’à rédiger la bibliographie d’un ouvrage latin intitulé Phoenix,<br />

« scu Nuntius latinus internationalis » (London, 1890-1891, fasciculi I, II, III), insérée dans Le<br />

Mercure de France en 1891, en latin 2 (ce qui n’est du reste pas illogique puisque seuls les lecteurs qui<br />

pratiquent le latin sont concernés par le livre, et donc par ce compte rendu).<br />

2. 3. Jarry en prise constamment avec la syn<strong>thèse</strong>.<br />

En quoi Jarry a-t-il déplacé le principe d’obscurité qui le guide depuis qu’il a publié ses<br />

premiers textes à L’Art littéraire ?<br />

Celui-ci résulte maintenant principalement de la façon dont il joue avec un autre principe qui<br />

porte son œuvre depuis ses premiers textes et qui a aimanté toute la pensée constituant la<br />

’Pataphysique : la syn<strong>thèse</strong> d’une pensée érudite qui à force d’ellipses devient opaque.<br />

Comme le constate Vallette, Jarry « jou[e] » beaucoup « de l’ellipse », ce qui fait qu’on ne le<br />

comprend pas : « Dans une démonstration parlée, on le comprend toujours très bien, parce qu’il<br />

en dit plus long en parlant qu’en écrivant, parce qu’il explique quand il sent qu’on n’a pas bien<br />

saisi, parce qu’enfin on peut l’interroger. Mais dans une démonstration écrite, il a le tort de<br />

considérer comme connus – partant inutiles à exposer – des facteurs ou qu’on ignore, ou qu’on a<br />

oubliés et que la démonstration n’évoque point 3 ».<br />

1 Propos cité dans BESNIER, p. 384.<br />

2 Voir Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p. 118.<br />

3 Propos cité dans BESNIER, p. 384-385.<br />

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