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dangereux pour les auteurs eux-mêmes, qui voient leur avenir menacé par des avis émanant<br />

d’autorités extérieures et pour la littérature puisque les avis portés le sont dans une soi-disant<br />

méconnaissance de ce qu’elle est réellement.<br />

Si le « Second Empire voit l’apogée de la critique journalistique 1 », il faut remarquer au sujet<br />

de cette expansion de la critique au sein des journaux et revues en tant que profession l’essor<br />

« conjoint de la presse et de l’université, le métier de critique s’associant fréquemment à celui de<br />

journaliste ou à celui de professeur, sans parler du cumul, qui n’est point rare, des trois emplois. 2 »<br />

Ainsi, si les « conditions d’élaboration de la critique comme genre autonome au XIX° siècle<br />

permettent de distinguer deux orientations majeures », la « première, universitaire, [étant] fondée<br />

sur le sérieux et privilégi[ant] un style didactique et alourdi de références, reconnaissable entre<br />

tous et amplement moqué par les tenants de la seconde, qui se déploie dans la presse dont elle<br />

tire ses qualités de vivacité et d’esprit, mais aussi, si l’on en croit du moins ses détracteurs, ses<br />

principaux défauts, un caractère polémique souvent et d’ordinaire superficiel 3 », il n’en demeure<br />

pas moins vrai que ces deux formes de critique, a priori antipodiques, sont souvent intimement<br />

reliées dans l’esprit des écrivains, pour la raison que nous avons évoquée, à savoir qu’elles<br />

manifestent bien l’érection de la profession de critique, l’acte de critique se suffisant ainsi à lui-<br />

même et tirant sa légitimité du statut qu’incarnent les critiques qui est entier, ne devant nullement<br />

être relié à un autre statut pour être à même d’asseoir son pouvoir sur la création, la parole du<br />

critique pouvant aller jusqu’à apparaître comme performative dans le sens où elle donne ou non<br />

existence à l’ouvrage vanté ou détesté, l’amenant ou non jusqu’à ses lecteurs.<br />

2. 4. L’existence salutaire des petites revues.<br />

2. 4. 1. Jarry faisait-il œuvre de journaliste ?<br />

Si Jarry a été critique littéraire (notamment) pour La Revue blanche, et ce principalement pour<br />

des raisons d’abord alimentaires, peut-on pour autant en déduire qu’il a dû se conformer aux<br />

exigences du genre de la critique en ce qui concerne la presse, celui-ci fût-il protéiforme ? Certes<br />

non. François Caradec va jusqu’à écrire : « [c]omme chacun le sait, Jarry n’a jamais été<br />

journaliste 4 », citant pour exemple l’éphémère de sa participation au Figaro.<br />

1 NORDMANN, op. cit.<br />

2 Id., p. 9.<br />

3 Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, op. cit., p. 481.<br />

4 François Caradec, « Alfred Jarry, témoin de son temps », Dir. Henri Bordillon, Centre Culturel<br />

International de Cerisy-la-Salle, Alfred Jarry, Belfond, 1985, p. 155. Voir aussi Id., p. 156.<br />

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