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La même année, Téodor de Wyzewa dresse le constat de cet élan – relativement, ne fût-ce<br />

qu’épisodiquement, présent au sein des petites revues – de désaveu contre la singularité qui<br />

s’articule, à bien des égards, avec une critique, de plus en plus forte, de l’obscurité avec laquelle il<br />

se confond bien souvent : « Je crois que tout le monde, auteurs et public, est en train d’en avoir<br />

assez de ce qu’on appelle l’originalité, et que le temps est venu d’une littérature plus aimable et plus<br />

sûre, qu’on pourrait appeler, provisoirement, une littérature d’imitation. Je crois que la littérature<br />

de demain sera imitative, à moins qu’on ne préfère me faire dire qu’elle ne sera plus rien du tout. 1 »<br />

Le propos de Téodor de Wyzewa se veut d’autant plus affirmé que la hantise du pastiche,<br />

conscient ou inconscient, demeure souvent à cette époque l’une des principales angoisses des<br />

auteurs, ainsi qu’en témoigne par exemple l’avertissement « aux lecteurs » de Fusains, « poésies »<br />

de Jean Volane, recueil dont Jarry rend compte avec ferveur dans L’Art littéraire : « On dit mes vers<br />

semés d’hiatus impudents, / De vocables communs […]. / Je ne veux point poser pour un fin ciseleur, / Pour un<br />

Parnassien, édité chez Lemerre. // Je vais, léger d’argent […] / Faisant des vers d’amour d’allure monotone.<br />

// Ma rime est mendiante et mon rêve peu haut. / Tant pis pour les lauriers ! Car ce sera bien beau / Si l’on<br />

dit : « Celui-là n’a pastiché personne. » 2 ».<br />

Jarry développera avec force, d’une certaine manière, cette idée de « littérature d’imitation »<br />

que préconise Téodor de Wyzewa jusque dans ses comptes rendus en pratiquant ouvertement<br />

l’intertextualité silencieuse, renouant néanmoins cependant de cette manière avec une autre forme<br />

d’obscurité et ainsi d’originalité, dans le sens où il tait absolument cette pratique.<br />

4. 4. Le compte rendu portant la trace de son insuffisance ?<br />

4. 4. 1. Ordinaire brièveté des comptes rendus d’ouvrages spéciaux.<br />

En ce qui concerne principalement les ouvrages appartenant au domaine scientifique (mais<br />

cela est aussi vrai parfois pour les livres marginaux, dans une moindre mesure), les comptes<br />

rendus sont très brefs, et se résument au mieux en une syn<strong>thèse</strong> de la visée de l’ouvrage, des<br />

questionnements posés en son sein.<br />

Ils se construisent en somme sur leur insuffisance, marquée par cette brièveté, et déjà<br />

regrettée souvent dans les comptes rendus n’ayant pas trait à des ouvrages marginaux ou<br />

scientifiques : L’Ermitage rendant compte en 1890 de Cœur en peine de Péladan écrit par exemple :<br />

« Même avouons-nous notre tort de jeter en quelques lignes cursives un jugement forcément<br />

1 Id., p. 194.<br />

2 Jean Volane, Fusains, « poésies », Annonay, Imprimerie et Lithographie J. Royer, 1893, p. 7.<br />

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