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Et en 1894, A.-F. Herold, rendant compte de En Barbarie de Roland de Marès (Edition du<br />

Mercure de France), résume la dynamique générale qui porte ces critiques : « Aussi lui reprocherai-je<br />

[…]. Mais le début de M. Marès comme conteur n’en est pas moins un début intéressant, et ce<br />

livre permet de bien augurer de l’avenir de son auteur. 1 »<br />

S’il s’agit de faire des reproches à l’auteur, c’est afin qu’il puisse les écouter, c’est afin de faire<br />

en sorte que ses livres futurs puissent être la conséquence de leur fructification : il n’y a de<br />

reproches adressés à un auteur qu’à hauteur de la capacité qu’a son œuvre de pouvoir se<br />

construire.<br />

Aussi le critique doit-il formuler des jugements circonstanciés, très précis, et dépourvus<br />

d’animosité à l’égard de l’œuvre en construction afin que l’auteur puisse en tirer son miel, en tirer<br />

les conclusions qui s’imposent et qui guideront favorablement son écriture dans son élaboration<br />

future : les critiques ont en somme comme fonction première et fondamentale qu’ils<br />

revendiquent (ils ne se l’attribuent pas : ils la reconnaissent comme part à laquelle ils ont droit, –<br />

part du passé qui irrigue leur geste critique, celui-ci s’enracinant dans une histoire de la critique –,<br />

étant l’héritage de Sainte-Beuve) de « guider chaque artiste sur la voie de [sa] nécessaire<br />

originalité. […] [I]ls comprennent, ils expliquent, ils admirent : ils ne jugent plus, ou du moins ils<br />

ne jugent chacun qu’en fonction de lui-même. La critique devient une sorte de conscience de l’art,<br />

une conscience que l’artiste doit interroger sans cesse avec inquiétude pour se comprendre lui-<br />

même et pour comprendre le temps en vue duquel il écrit. 2 »<br />

2. 2. 3. 3. L’œuvre achevée ne peut être envisagée comme étant close.<br />

Le « surcroît [indéfini] de beauté » dont parle Jarry n’a pas trait uniquement au fait que<br />

l’œuvre est toujours en construction (la critique avant-courrière ne peut déjà ainsi exister en soi<br />

car il n’y a pas d’œuvre qui puisse être achevée : si toutes les œuvres sont en construction, alors<br />

aucune ne l’est), mais il concerne également l’œuvre matériellement achevée, qui peut, avec le<br />

temps, paraître dans une perfection toujours accrue.<br />

C’est pour cette raison que Jarry, au moment du refus du Mercure de France en ce qui concerne<br />

Faustroll ou bien plus tard (comme par exemple au moment de la cession qui en est faite à Louis<br />

Lormel) ajoute au manuscrit de ces Gestes et opinions cette « subscription postfinale » : « Ce livre ne<br />

1 Le Mercure de France, n° 53-56, tome XI, mai-août 1894, p. 178.<br />

2 Raphaël Molho, op. cit., p. 11.<br />

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