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Le comique ne naît pas uniquement de la taille du squelette, ainsi que de l’archaïsme –<br />

inattendu, eu égard à la formulation – du terme « faulx 1 » : il naît aussi de la façon qu’a l’orchestre<br />

d’accompagner « en sourdine » le récit qui est fait de l’horrifique que produit l’alcool sur le corps,<br />

« avec imitation de danse macabre d’os de squelette. 2 » Si la « mort 3 » devient la « camarde 4 », c’est<br />

parce que le petit squelette affublé comme c’est coutume de sa faux devient de ce fait son<br />

allégorie – la camarde étant « la mort, parce qu’on la figure généralement par un squelette 5 » –, de<br />

telle sorte qu’elle soit tournée en dérision, devenant risible par le biais de l’accompagnement<br />

musical déjà évoqué.<br />

Les deux auteurs opèrent un jeu sur le langage afin que par le biais de l’ajout d’une seule<br />

lettre (« éteint » devenant « étreint ») la survenue de la maladie sur le corps puisse s’apparenter à<br />

une manifestation saugrenue de l’intimité, étreindre signifiant d’abord « [r]esserrer, rendre plus<br />

étroit, plus intime 6 » : « qui vous éteint comme un courant d’air escamote la flamme d’une<br />

chandelle 7 » devient ainsi « [l’apoplexie] étreint [le buveur copieux] comme un lumignon<br />

s’escamote 8 » ; et l’ajout du terme « museau » dans le livret de l’opérette redouble le saugrenu en<br />

faisant ployer l’humain en prise avec l’alcool du côté de l’animalité mais de telle sorte que celle-ci<br />

soit risible et nullement inquiétante, le buveur étant souvent comparé de façon sous-jacente à un<br />

animal dans les publications scientifiques, l’alcool étant censé exacerber les pulsions les plus<br />

violentes, les plus destructrices – réalité à quoi ne renvoie nullement le terme « museau », rattaché<br />

bien au contraire, en un certain sens, à l’idée de la douceur, outre le fait que ce mot soit placé<br />

d’emblée du côté du comique.<br />

Aussi par le seul terme « museau » les deux auteurs tournent-ils en dérision le discours<br />

scientifique, qu’ils réutilisent en creux précisément par le seul choix doublement assumé (puisqu’il<br />

est réitéré en force lors de l’écriture du livret) du terme médical souvent rattaché à l’évocation<br />

médicale de l’alcoolisme : apoplexie.<br />

Et, ce faisant, il s’agit de dresser en creux, en une certaine part du moins, un éloge de l’alcool<br />

(perçu comme instrument de liberté – ce que cherchera à montrer avec faconde Le Surmâle – et<br />

non plus d’assujettissement), ainsi que le fait apparaître le changement le plus important opéré<br />

par les deux auteurs, quoique ce ne soit pas le plus visible, changement qui participe pleinement<br />

1 Voir GDU, tome 8, p. 144.<br />

2 OC III, p. 13.<br />

3 Eugène Demolder, op. cit., p. 84<br />

4 OC III, p. 14.<br />

5 GDU, tome 3, p. 197.<br />

6 GDU, tome 7, p. 1073.<br />

7 Eugène Demolder, op. cit.<br />

8 OC III, p. 14.<br />

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