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lire, et ce vers la fin (calquant la structure de Faustroll sur celle de la revue 1 , puisque cette fin<br />

correspond à la partie critique de la revue), des passages entiers de l’œuvre de Lord Kelvin, et fera<br />

figurer des équations mathématiques, exactement comme la partie critique du Mercure de France fait<br />

souvent exister les voix scientifiques avec le plus de précision et de fidélité possibles, et ainsi les<br />

fait paraître dans toute leur irrévocable étrangeté, finalement insoluble dans le signe linguistique,<br />

comme en témoigne l’œuvre critique de Remy de Gourmont.<br />

4. 2. 2. 2. La liste des livres pairs.<br />

Jarry cherche à réunir la pluralité des voix du Mercure de France (notamment) dans l’unité de<br />

son livre, mais aussi déjà en premier lieu par le biais de la liste des livres pairs. Elle est comme une<br />

table des matières incomplète et fautive 2 (puisque les îles ne répondent pas point par point, loin<br />

s’en faut, à cette dernière), un raccourci en somme de l’œuvre entière.<br />

Il utilise de ce fait, comme il le fera dans ses « Minutes d’art », « la brièveté d’un catalogue ou<br />

palmarès », la coexistence de ces deux termes n’étant pas, contrairement à ce qu’il semble de<br />

prime abord, paradoxale, le catalogue s’affirmant pour Jarry palmarès, pour ce qui est d’une<br />

exposition, du fait du regard autorisé qui a présidé au choix des œuvres contenues en son sein. Ce<br />

regard peut se confondre avec celui du peintre, au Salon des refusés par exemple, mais il s’agit<br />

toujours pour l’artiste d’opérer un choix de ses œuvres, et ainsi de construire, de façon sous-<br />

jacente, une forme de palmarès.<br />

Par la liste des livres pairs qui trouve une continuité très forte dans l’énumération de citations<br />

plus ou moins réinventées, et ainsi par le recours constant à une forme de catalogue (ou<br />

palmarès), il s’agit toujours pour Jarry de dénombrer les plus « inévitables beautés 3 » des auteurs<br />

retenus (puis celles des œuvres élues, pour ce qui est des citations), pour que le lecteur soit<br />

ensuite en mesure, de par aussi les dédicaces notamment rattachées aux îles, d’aller vers les<br />

1 La liste des livres pairs apparaît néanmoins au début de Faustroll, alors qu’elle a pour vocation<br />

d’être une forme de table des matières, mais c’est sans compter sur le fait que des ouvrages<br />

paraissent déjà à cette époque avec la table des matières en ouverture.<br />

2 Ces erreurs sont instaurées par Jarry, peut-on penser, pour éviter tout systématisme et également<br />

parce qu’elles font sens dans la mesure où elles redoublent l’obscurité sémantique qui émane de<br />

l’ouvrage dans son ensemble, laquelle obscurité est la plus propre à faire naître, pour Jarry, –<br />

conception qu’il avait intériorisée (ce que suggère très fortement le « Linteau ») dès l’écriture des<br />

Minutes –, tout sens, ce dernier ne pouvant s’affirmer que comme un infini en puissance, dans<br />

toute sa pluralité et multiplicité qui ne sont jamais en mesure d’être accueillies par une exégèse au<br />

point de pouvoir se voir adjoindre une identité. Un sens demeure à jamais pour Jarry la somme<br />

de la multiplicité (prenant la forme de l’incertitude, de l’a-figement sémantique) qui virtuellement<br />

le compose, à mesure justement qu’il refuse d’être caractérisé.<br />

3 OC I, p. 1020.<br />

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