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tradition – parmi celles-là classons la vérité historique. Celle-ci est temporaire ; la vérité bouffe est<br />

éternelle. »<br />

Jarry relie la vérité historique à la figure de Zola, écrivant que l’auteur de Germinal a « divis[é]<br />

– ou développ[é] – [la vérité] en sept cent quarante-neuf pages […] », faisant allusion à l’ouvrage<br />

intitulé Vérité. Les quatre Évangiles paru chez Fasquelle de façon posthume en 1903.<br />

Notons que si Jarry, en rattachant le terme « vérité » à cet écrivain sans précision autre, pense<br />

bien à la vérité historique, c’est parce que Vérité est inspiré de l’affaire Dreyfus (même si ce livre<br />

est également inspiré du problème de la laïcité alors brûlant en 1901 et 1902).<br />

La « divis[ion] » qu’évoque Jarry tient également, peut-on penser, au fait que cet ouvrage a<br />

d’abord été publié en feuilleton dans le quotidien L’Aurore (bien que Zola soit mort dans la nuit<br />

du 28 au 29 septembre 1902, cette prépublication dans L’Aurore débutée le 10 septembre perdura<br />

jusqu’au 15 février 1903 et fut aussitôt après suivie de la parution de l’ouvrage), ce qui n’implique<br />

néanmoins pas forcément que l’on puisse lire, à travers cette simple mention, de façon sous-<br />

jacente, une critique possible de ce mode de prépublication, qu’utilisa certes Jarry mais jamais<br />

dans un quotidien, la prépublication en petite revue n’étant alors pas d’emblée rattachée à l’aspect<br />

mercantile de la littérature – telle que se donnant à lire dans les pages des quotidiens – qui<br />

entachait alors communément le roman.<br />

Il faut reconnaître, en outre, que si Jarry relie indubitablement la figure de Zola avec la vérité<br />

historique, c’est du fait de l’épilogue de Remy de Gourmont intitulé « Le Masque de fer » dont il<br />

s’inspire suffisamment, peut-on penser, pour que le propos de celui-ci aille jusqu’à colorer la<br />

conception de l’Histoire de l’auteur de Messaline dans son ensemble – conception qui<br />

n’appartenait du reste pas en propre à Remy de Gourmont, mais était d’une certaine manière la<br />

résultante logique de l’idéalisme alors prépondérant dans le milieu intellectuel : « M. Zola nous a<br />

naguère avertis que, selon sa conviction, la vérité tôt ou tard se découvre et resplendit. Voilà une<br />

bonne grosse naïveté qui a dû bien faire rire les historiens et aussi tous ceux qui n’étant pas<br />

totalement ignorants, savent que l’histoire n’est qu’un recueil provisoire de faits probables, pour<br />

la plupart inexpliqués. 1 »<br />

Dans son compte rendu de l’année 1891 de La France Sociale et Politique, ouvrage de A.<br />

Hamon publié chez Savine, Remy de Gourmont remarque : « Personnellement, nous savons gré à<br />

M. Hamon d’avoir raconté avec véracité et sans rien omettre d’essentiel l’épisode du Joujou<br />

Patriotisme. Cela nous donne une très bonne opinion du reste du volume, car ce genre de<br />

vérification est généralement désastreux pour les annalistes : les faits dont on est sûr sont toujours<br />

1 Remy de Gourmont, Epilogues, Réflexions sur la vie, 1895-1898, seconde édition, Mercure de<br />

France, 1903, p. 202 (repris dans Remy de Gourmont, La culture des idées, op. cit., p. 469).<br />

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