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cet enclos comme en une souricière. Si mon désir eût été d’observer les passants, je les aurais<br />

aussi bien vus en liberté, sur leur boulevard natal. 1 »<br />

Remarquons que ce passage de l’Almanach peut être mis en parallèle avec un fragment du<br />

Journal d’un nègre à l’exposition de 1900, ouvrage de Gaston Bergeret publié à la même époque :<br />

« Une exposition doit toujours être plus grande que la précédente. Il viendra un jour où<br />

l’Exposition sera Paris. Ce sera une économie : on n’aura plus besoin de clôture en planches. Les<br />

Parisiens ne payeraient pas pour entrer à l’Exposition puisqu’ils seraient dedans, mais ils<br />

donneraient un ticket pour en sortir. Ils seraient tout à la fois exposants, exposés et visiteurs, et<br />

l’on n’aurait plus la douleur de constater que l’affluence diminue. 2 »<br />

Le mépris de Jarry pour l’Exposition universelle tient, peut-on penser, à son mépris pour le<br />

principe de vulgarisation et de diffusion du savoir lequel sous-tend les grandes manifestations<br />

humaines relevant du principe démocratique soutenant la société 3 .<br />

Ce mépris sera néanmoins tempéré par une « [p]rophéti[e] » (placée dans l’Almanach du Père<br />

Ubu illustré de 1899) qui stipulera que « Sera représenté pour l’Exposition de 1900 : PANTAGRUEL 4 ».<br />

— La Revue blanche face à l’Exposition universelle.<br />

Remarquons, pour conclure, que la façon sinon extrêmement sibylline du moins sous-jacente<br />

qu’a Jarry d’évoquer l’Exposition universelle, quand bien même il le fait sans confusion possible<br />

pour ses lecteurs, cette expression jarryque étant (ce qui est manifeste lorsqu’on la replace dans<br />

son contexte) présente ailleurs, et à plusieurs reprises, cristallisant en quelque sorte un dégoût et<br />

une lassitude de l’élite concernant les manifestations générales répondant à un souci de<br />

vulgarisation en ce qui concerne l’ensemble des savoirs (ce qu’est exemplairement l’Exposition<br />

universelle), est extrêmement cohérente quant à la volonté de La Revue blanche, « intellectuelle et<br />

élitiste », de ne guère parler de cette exposition.<br />

En effet, La Revue blanche ne consacre qu’un seul « article à l’Exposition, signé « de Julien<br />

Benda, philosophe défenseur du cosmopolitisme mondialiste ». Il faut néanmoins noter que cet<br />

article, fût-il unique, est louangeur vis-à-vis de l’exposition qui est perçue comme « une<br />

présentation symbolique des tendances de son temps 5 ». « Ce travail de Benda est une réplique à<br />

ceux qui avaient désapprouvé cette manifestation, tels Barrès [et] Mirbeau […] : montrant ses<br />

1 OC I, p. 586.<br />

2 Gaston Bergeret, Journal d’un nègre à l’exposition de 1900, accompagné de soixante dix-neuf<br />

« aquarelles originales » de Henry Somm, L. Carteret et Cie, 1901, p. 5.<br />

3 Voir OC I, p. 586.<br />

4 Id., p. 569.<br />

5 BOURRELIER, p. 796.<br />

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