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Et alors, « une première forme d’univers » s’offre à nous « par l’ensemble des choses » que<br />

nous voyons. Nos yeux « entraînent » notre vision « de place en place, et trouvent des affections<br />

de toute part 1 ».<br />

Valéry ajoute que notre vision « excite la mobilité de [nos] yeux à l’agrandir, à l’élargir, à la<br />

creuser sans cesse 2 ». Ce travail de notre regard (qui n’est pas sans rappeler celui du peintre sur la<br />

toile) est quasiment instinctif : ce dernier « s’abandonne à la vision, dans un champ d’événements<br />

lumineux, qu’il ne peut s’empêcher d’unir entre eux par ses mouvements spontanés, comme s’ils<br />

étaient dans le même temps 3 » (Variété).<br />

En somme, l’informe n’est qu’une invitation lancée au regard de procéder par méthode : « Il<br />

ne s’agit de rien de moins que de se faire un regard sur toutes choses, qui les rende propres à être<br />

traitées selon la méthode, et telles qu’on en puisse raisonner aussi sûrement et hardiment qu’un<br />

géomètre peut le faire, une fois ses définitions bien terminées, ses axiomes et postulats bien isolés<br />

et énoncés, et donc, les voies d’une vérité comme préétablies ouvertes devant lui 4 ».<br />

3. 11. La surréalité découlant du réel ouvre sur l’imaginaire.<br />

Certes, les « êtres » et « actes mathématiques » requièrent quelques « conventions » pour vivre<br />

dans l’esprit et s’y développer « à l’infini 5 ». Ces conventions 6 peuvent être tenues pour aussi<br />

arbitraires, et par là, « aussi inattaquables que les règles d’un jeu », mais elles ne peuvent souffrir<br />

de remarques puisqu’elles constituent les principes du système lequel est tout puissant, puisqu’il<br />

1<br />

L’informe permet une diversité de « manières de voir » (voir Paul Valéry, CAHIERS 25, p. 455).<br />

Comme l’écrit Jarry, face à l’informe, c’est-à-dire à l’Univers nu de nous (débarrassé de notre<br />

identité : nous nous plaçons pour la première fois résolument en deçà de lui), il est possible de<br />

voir « tous les mondes possibles » ([« ils coexistent »] quand [on] en regarde un seul »), et Jarry de<br />

conclure, amèrement, que « les hommes » qui habillent le monde de leur identité « ne peuvent<br />

même en entrevoir un » (César-Antechrist, Bouquin, p. 137).<br />

2<br />

Paul Valéry, Œuvres, I, op. cit., p. 864.<br />

3<br />

Id., p. 467.<br />

4<br />

Id., p. 822.<br />

5<br />

Ibid.<br />

6<br />

Les principales « conventions », qui visent à l’affaiblissement de toute construction logique en<br />

en démontrant le caractère arbitraire, fixées par Jarry pour l’écriture de ses spéculations, sont la<br />

radicalisation, le syllogisme élevé au rang de preuve mathématique (la boue – des pavés – de Paris<br />

fait déraper les cyclistes. Or, l’or est le plus glissant de tous les métaux. Donc, la boue de Paris<br />

contient de l’or : voir « Un Klondyke à Paris ; ce qu’on fait des vieux pavés », Alfred Jarry, La<br />

Chandelle verte, lumières sur les choses de ce temps, édition établie et présentée par Maurice Saillet, Le<br />

Livre de poche, 1969, p. 483-485), mais aussi le fait de retirer aux termes d’une proposition,<br />

lesquels sont fixés à un certain degré, leur invariabilité (les personnes malades dorment – axiome<br />

implicite –. Renversement : les personnes endormies sont malades : voir « Docteur Macbeth »,<br />

Alfred Jarry, op. cit., p. 507-508).<br />

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