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III. APOLOGIE DU MÊME.<br />

1. L’enfermement-délivrance.<br />

1. 1. L’altérité : un savoir flou inatteignable, tremplin pour l’imaginaire.<br />

De fait, Jarry se passionne pour toutes les formes de l’altérité : l’altérité géographique, au<br />

travers de son recours constant aux récits de voyages, l’altérité graphique, au travers de son<br />

intérêt très grand pour le signe mathématique mais aussi le dessin, l’altérité humaine, perçue alors<br />

comme revêtant tout à la fois les traits du féminin, de l’oriental et de l’africain…<br />

En posant inlassablement la question de l’altérité, l’auteur de Messaline ne cesse de nier cette<br />

dernière, non pour arriver à l’apologie du Même, mais partant au contraire du constat selon<br />

lequel seul vaut le Même, constat inaliénable sur lequel se construit toute sa pensée.<br />

Aussi, en niant l’altérité, Jarry ne nie pas son existence mais seulement sa valeur, tout en<br />

proclamant celle-ci comme procédé puisque l’altérité fait toujours obstacle à la pensée en<br />

interdisant à l’intellection de la figer sous la forme d’un savoir, lequel échoue invariablement à<br />

naître des topoï qui la caractérisent, au point pour Jarry de revenir inlassablement à elle. Elle est ce<br />

qui fait obstacle à la pensée, forçant l’imaginaire à prendre le relais.<br />

Le rôle de l’altérité, et c’est en cela qu’elle conserve tout son intérêt pour Jarry, devient ainsi<br />

un rôle d’éveilleur et de catalyseur pour l’imaginaire : en étant ce qui ne peut être pris en<br />

considération par l’intellection, elle devient une présence résistant hautement à cette dernière<br />

pour n’être possiblement capturée que par l’imaginaire, lequel ne peut en vérité que l’effleurer<br />

et non en faire le tour.<br />

Ce qu’il y a de réel dans le flou de l’altérité – car son flou se construit bien sur une doxa<br />

résiduelle laquelle implique une notion forte de réalité – résiste à un emprisonnement entier, à<br />

une appropriation complète par l’imaginaire.<br />

En effet, l’imaginaire crée son objet en même temps qu’il est créé par lui et c’est cette tension<br />

constante qui interdit également tout figement d’une pensée qui soit non dogmatique mais<br />

créatrice.<br />

L’altérité est ainsi seule à même de pouvoir susciter la création, inlassablement, n’étant jamais<br />

actualisée, mais se tenant toujours en instance de l’être : il n’y a pas de clôture de son champ<br />

d’effectivité.<br />

Elle est déterminée par le flou, par un a-figement sémantique : c’est un savoir latent, latence<br />

constitutive de son identité même puisque c’est en se révélant comme savoir qu’elle perdra<br />

justement cette étrangeté qui la caractérise en propre.<br />

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