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l’idée qu’il se faisait de la « Justice », publiant des articles dans L’Aurore, participant à de<br />

nombreux meetings à Paris et en province, assistant aux procès de Zola (en février 1898) et de<br />

Dreyfus (en août-septembre 1899), se tenant aux côtés de Rodin dans l’affaire du Balzac (en mai<br />

1898), publiant le Jardin des supplices (en juin 1899) se voulant notamment un portrait charge du<br />

colonialisme...<br />

8. Ce terme n’est nullement anecdotique. L’énumération de Jarry exhibe d’une certaine façon le<br />

caractère monstrueux de ce roman, mais le terme « fondus » nie cette réalité.<br />

Rachilde mettra en avant, contrairement à Jarry, cet aspect important de l’œuvre de Mirbeau,<br />

– sur lequel il nous faut revenir pour montrer à quel point par ce seul mot Jarry contredit toute<br />

une entreprise romanesque dans ce qu’elle peut receler de failles voulues, donnant unité à<br />

l’ensemble –, dans son compte rendu des 21 jours d’un neurasthénique dans Le Mercure de France<br />

d’octobre 1901 : « Il y a de tout ; c’est le carnet d’un reporter, le fond de tiroir d’un<br />

journaliste […] 1 ».<br />

Mirbeau a en effet cousu ensemble une soixantaine de contes, ou de fragments de contes,<br />

parus principalement dans la grande presse entre 1894 (certains remontent néanmoins à 1887) et<br />

1901, « sans se soucier de lier dramatiquement les parties de ce récit à tiroirs 2 » Il s’agit ainsi bien<br />

« d’une « monstruosité littéraire », où culmine le mépris de l’écrivain pour la composition, la<br />

vraisemblance et l’unité de ton, pourtant jugées indispensables à tout roman qui se<br />

respecte […] 3 ».<br />

Pour Mirbeau, c’est « le genre romanesque tout entier qui doit être renouvelé et revivifié.<br />

Plutôt que d’abandonner résolument la fiction comme il y songe depuis longtemps, Mirbeau va<br />

s’efforcer de métamorphoser le roman et d’en faire une extension de la chronique. Si l’on excepte<br />

ses trois premiers romans, l’ensemble des textes « romanesques » de Mirbeau » intègre du reste<br />

des « collages d’articles » 4 ».<br />

Mais c’est « particulièrement vrai de la « trilogie » publiée entre 1899 et 1901 (Le Jardin des<br />

supplices, Le Journal d’une femme de chambre et Les Vingt et un jours d’un neurasthénique) 5 ».<br />

Ce qui est singulier avec les 21 jours d’un neurasthénique, c’est que Mirbeau exhibe ce montage<br />

(le patchwork que sont les 21 jours étant visible jusque dans le titre), ce roman seul tirant<br />

1 Le Mercure de France, op. cit.<br />

2 Octave Mirbeau, op. cit., p. 9.<br />

3 Pierre Michel, « De l’anarchisme à la mort du roman », Les vingt et un jours d’un neurasthénique,<br />

texte préfacé et annoté par Pierre Michel, Nantes, Éditions Le Passeur-Cecofop, 1998, p. 7.<br />

4 Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « De « l’homme de lettres » à « l’intellectuel » ? Octave<br />

Mirbeau, journaliste, romancier et « prophète » », L’Écrivain-journaliste au XIX° siècle : un mutant des<br />

Lettres, Éditions des Cahiers intempestifs, 2003, p. 274.<br />

5 Ibid.<br />

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