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« La première période de l’écriture de Jarry peut être analysée comme une forme de quête de<br />

l’absolu littéraire : dans le sillage du décadentisme et du symbolisme, et sous l’égide de Remy de<br />

Gourmont, Jarry livre des ouvrages d’une obscurité calculée, syn<strong>thèse</strong>s voulues de son univers,<br />

prétendument libérées des contingences. À l’aube du XX e siècle, dans un autre espace littéraire, sa<br />

démarche se transforme ; les textes qui devaient constituer La Chandelle verte, liés à l’actualité,<br />

découlent d’une autre vision de la littérature, tout comme les livrets d’opérette qu’il écrit en<br />

collaboration. 1 »<br />

La clarté qui gouverne cette seconde période littéraire se traduit notamment par le quasi<br />

abandon de la forme poétique qui véhicule presque ontologiquement une forme d’obscurité<br />

propre au symbolisme et au souci d’élitisme volontairement déployé en littérature, car, « à<br />

quelques exceptions près, Jarry ne publiera plus de poèmes après 1897 2 ».<br />

Il faut souligner ici que cette nouvelle dimension est induite non pas proprement de<br />

l’accession à La Revue blanche en tant que telle (car Messaline offre de savoureuses complications<br />

syntaxiques et lexicales) mais des usages imposés par la forme de participation extrêmement<br />

régulière qui est la sienne à La Revue blanche, et qu’il ne peut refuser car il doit vivre de sa plume.<br />

L’obligation d’une écriture régulière, lisible, articulée principalement autour de la presse (c’est<br />

dans les journaux que Jarry puise la majeure partie de l’inspiration nécessaire à l’écriture de ses<br />

spéculations), et s’inscrivant dans la forme de la chronique journalistique et dans celle de la<br />

bibliographie, sont autant d’exigences propres à la revue. Au reste, toute revue ne peut concevoir<br />

son existence et sa pérennité – une revue n’a de sens que dans la perpétuation de son existence –<br />

que si elle répond à cette exigence de lisibilité.<br />

Par ce changement notable de style, de plus en plus sensible au fur et à mesure de l’évolution<br />

chronologique de son écriture spéculative (les premières spéculations publiées à La Revue blanche<br />

sont ainsi bien plus denses et construites que celles parues au Canard sauvage, répondant plus<br />

immédiatement aux exigences de facilité et de non construction souvent propres à la chronique<br />

qui l’enracinent dans une forme de ludique : l’on peut ainsi considérer que l’évolution du style de<br />

Jarry naît bien, en un certain sens, de son travail journalistique, et de la régularité que celui-ci<br />

induit), Jarry prend acte de « l’indispensable établissement d’une connivence entre le journaliste et<br />

le lecteur, seule susceptible d’assurer la survie du journal 3 », ainsi que nous l’avons déjà signalé.<br />

1 Ibid.<br />

2 Bouquin, p. 549.<br />

3 Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « « Contes de lettres » et écriture de soi : la critique<br />

littéraire dans le journal au XIX° siècle », Dir. Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant, Presse et<br />

plumes, Journalisme et littérature au XIX° siècle, Nouveau monde éditions, collection Culture-médias,<br />

Etudes de presse, 2004, p. 482.<br />

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