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connu aussi une expansion sans précédent du nombre de revues et des périodiques spécialisés 1 »,<br />

l’ « abondance » et la « plasticité » de cette presse étant liées « aux goûts et aux attentes multiples<br />

d’une société de plus en plus différenciée et en mutation. 2 »<br />

Ainsi, « la prospérité de la presse » et la « multiplication des titres et des rubriques » suscitent<br />

« un attrait irrésistible sur toute une génération de nouveaux venus. Ceux-ci se contentent de plus<br />

en plus souvent de cette seule profession 3 » car « à tous les niveaux de la hiérarchie 4 », comme le<br />

constate Christophe Charle, « les journalistes s’en tirent mieux que les professions<br />

hiérarchiquement équivalentes et dont l’accès est, en général, beaucoup plus difficile. 5 » Cela tient<br />

au fait que « [l]e journalisme […] a rapporté des ressources considérables. Un journal est une<br />

grosse affaire qui donne du pain à un grand nombre de personnes. Les jeunes écrivains, à leurs<br />

débuts, peuvent y trouver immédiatement un travail chèrement payé. 6 » Mallarmé écrit par<br />

exemple à Sarah Helen Whitman en mai 1877 : « Je cherche, pour tout concilier, au loin, comme en<br />

Amérique, quelque travail de journalisme, anonyme, une chronique parisienne, même dans une<br />

publication peu importante mais payant un peu 7 ».<br />

2. 2. Le recours condamnable à l’écriture journalistique.<br />

2. 2. 1. Le journalisme vécu comme un poison.<br />

Quand les écrivains consentent à publier dans la presse, c’est ainsi presque toujours<br />

uniquement pour des raisons d’argent. Il faut dire que c’est là l’occasion rêvée pour eux de<br />

pouvoir vivre de leur plume. Les écrivains, et singulièrement les poètes, acceptant un travail<br />

journalistique qui soit alimentaire et, en un certain sens, prostituant de ce fait leur plume, sont-ils,<br />

pour cela même, condamnables, aux yeux de la communauté littéraire se voulant élitiste ?<br />

Mallarmé profère : « Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore qu’à chacun suffirait<br />

peut-être pour échanger la pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui en<br />

silence une pièce de monnaie, l’emploi élémentaire du discours dessert l’universel reportage dont, la<br />

1 Id., p. 169.<br />

2 Ibid.<br />

3 Id., p. 144.<br />

4 Id., p. 153.<br />

5 Ibid.<br />

6 Emile Zola, « L’argent et la littérature » [1880], réédité dans Le Roman expérimental [1880],<br />

Garnier-Flammarion, 1971, p. 271 (propos cité par Christophe Charle, Les intellectuels en Europe au<br />

XIX° siècle, Essai d’histoire comparée, Seuil, collection L’Univers historique, 1996, p. 168).<br />

7 Mallarmé, Œuvres complètes, I, édition présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal,<br />

Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 1998, p. 774.<br />

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