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Les questionnements du critique face à une nouveauté éditoriale sont ainsi résumés par cette<br />

formule de Jules Renard à propos de L’Astre Noir de Léon-A. Daudet (Charpentier), compte<br />

rendu inséré dans Le Mercure de France en 1894 : « Dans ce livre nouveau, quoi de neuf ? 1 »<br />

Cette recherche de la nouveauté, si elle vaut pour l’ensemble des écrivains, est d’abord<br />

pertinente en ce qui concerne les nouveaux auteurs, qui manifestent ainsi doublement une<br />

nouveauté (celle de leur livre, celle de leur individualité d’auteur) – aussi peut-elle d’autant mieux<br />

être rendue effective.<br />

Charles Merki écrit à propos de L’Or des Songes de Alfred Massebieau (Vanier) dans Le Mercure<br />

de France en 1894 : « C’est, en somme, l’ordinaire plaquette d’un débutant qui fréquente les<br />

revues […] ». Et Merki de conclure, peut-être ironiquement : « M. Massebieau aura, sans doute,<br />

du talent un de ces jours et nous pourrons en reparler. 2 »<br />

Ce « talent », en ce qui concerne une écriture jeune, faute d’œuvre derrière elle, et qui ne peut<br />

par cela même être complet, être exempt de heurts, est défini dans le compte rendu de Bas les<br />

Cœurs ! de Darien paru dans le premier numéro du Mercure de France de janvier 1890 : « l’écriture<br />

[...] est souple, nerveuse, pittoresque, inégale parfois et un peu trop hâtive, mais, en tout cas, fort<br />

personnelle. Bref, un livre pas banal, souvent profond, alerte toujours, et qui promet. 3 »<br />

4. 3. 2. Apologie jarryque de l’originalité.<br />

Du reste la question de l’originalité en ce qui concerne un ouvrage ne se pose-t-elle pas bien<br />

évidemment uniquement à sa parution : cette question apparaît, à bien des égards, comme la<br />

principale question en matière d’art.<br />

Voilà pourquoi Jarry, lorsqu’il cherche à vanter fortement son propre « Almanach du Père<br />

Ubu pour le XX e siècle », dans les pages de La Revue blanche, parle de la musique de son ami<br />

Terrasse en ces termes : « L’almanach est […] accompagné de musique nouvelle par Claude<br />

Terrasse ».<br />

L’auteur de Messaline écrit déjà dans les « textes relatifs à Ubu Roi », de significative façon :<br />

« [...] des dramaturges comme Rachilde, Pierre Quillard, Jean Lorrain, E. Sée, Henry Bataille,<br />

Maurice Beaubourg, Paul Adam, Francis Jammes, dont plusieurs ont écrit des œuvres justifiant<br />

presque la définition du chef-d’œuvre, et qui en tout cas tous ont perçu le nouveau et se sont<br />

manifestés créateurs. 4 »<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 86.<br />

2<br />

Id., p 183.<br />

3<br />

Le Mercure de France, n° 1-12, tome I, janvier-décembre 1890, p. 31.<br />

4 OC I, p. 411.<br />

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