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l’Occident. Les abonnés réclament un compte rendu. Il est possible qu’après tout, Claudel, par<br />

humilité chrétienne, n’ait pas envoyé le livre à la critique… 1 »<br />

Jarry écrit ainsi à Fénéon en décembre 1902 (le « vous vouliez bien » est parlant) : « J’ai dit à<br />

Mardrus que vous vouliez bien que je le bibliographie. Mais avez-vous des épreuves du tome ou<br />

dois-je lui en [sic] écrire ? Et aussi, n’y a-t-il pas de risque de double emploi avec Arnauld ? 2 »<br />

En outre l’auteur de Messaline ne rendait-il pas compte d’ouvrages sur demande, comme en<br />

témoigne la lettre de Willy à Jarry datant de mars 1901 : « Mon cher Messalin, / Consentiriez-<br />

vous à rendre compte de Claudine à Paris dans La Revue blanche ? / Très cordialement vôtre /<br />

Willy. 3 »<br />

Exception faite en ce qui concerne L’Enfant d’Austerlitz, comme nous l’avons déjà souligné,<br />

Jarry étant sollicité directement pour ce compte rendu (notons toutefois que la demande a émané<br />

de La Revue blanche, ce qui rendait le refus de Jarry plus périlleux), mais il est vrai que cela se fait<br />

alors en urgence, le chroniqueur préposé, malade, ne pouvant rendre copie.<br />

Ce cas limite, qui semble faire figure d’exception, nous conforte dans l’idée que Jarry a choisi<br />

librement les ouvrages dont il voulait rendre compte car la demande faite à Jarry concernant<br />

l’ouvrage d’Adam se fait bien sur le mode interrogatif, ce qui prouve que semblable obligation<br />

n’est pas d’usage et que Jarry est libre de refuser. En outre, le fait que la demande se fasse dans<br />

l’urgence tend bien sûr également à prouver le caractère exceptionnel de ce mode de sollicitation :<br />

autrement, bien évidemment, Jarry aurait été sollicité plus tôt.<br />

Par ailleurs, si Fénéon avait demandé à Jarry de rendre compte de tel et tel ouvrage, il aurait<br />

sans doute fait de même en ce qui concerne les autres contributeurs. L’on imagine d’une part le<br />

refus et la gêne de ceux-ci et d’autre part le manque de temps de Fénéon pour semblable tâche.<br />

De plus, sur quels critères se fonderait le choix du secrétaire de rédaction, en ce qui concerne tel<br />

et tel contributeur ? Sur son domaine de compétence particulier ? Cela supposerait une<br />

connaissance parfaite de Fénéon de tous les contributeurs, jusque dans leurs goûts.<br />

Et en outre Jarry rend-il compte d’ouvrages extrêmement ardus qui outrepassent très<br />

véritablement son domaine de compétence tel que celui-ci peut être recherché lorsqu’il s’agit pour<br />

un critique de s’affirmer du haut de sa stature de savant afin d’être légitimité dans l’acte qui<br />

consiste à donner son avis sur un livre qui n’est pas littéraire mais relève d’un domaine très<br />

particulier du savoir.<br />

1 Pierre Caizergues, Apollinaire journaliste, textes retrouvés et textes inédits avec présentation et notes, tome 1,<br />

<strong>thèse</strong> de doctorat, Université de Lille III, Service de reproduction des <strong>thèse</strong>s, 1979, p. 65.<br />

2 OC III, p. 566.<br />

3 L’Etoile-absinthe, « Crocodile pliant & Noix phourrées », textes réunis et annotés par Alastair<br />

Brotchie, Paul Edwards, Barbara Pascarel et Eric Walbecq, Paris & Tusson, SAAJ & Du Lérot<br />

éditeur, 2010, p. 69.<br />

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