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publiée dans la Revue Bleue le 16 novembre 1895 1 : « […] loin du tapage de foire de<br />

l’Exposition […] ».<br />

Gustave Kahn écrira dans L’Esthétique de la rue, un ouvrage qui paraîtra en cette année 1901<br />

(et que chroniquera Jarry avec ferveur) : « Les Foires se meurent […] Et puis il y a les<br />

Expositions. 2 »<br />

La « foire » ayant le sens de « grand marché pour toutes sortes de denrées 3 », Demolder<br />

développe presque au même moment cette idée dans L’Agonie d’Albion, ouvrage dont Jarry rendra<br />

également compte : « Le soir venu, les Anglais comptèrent leur argent. Malgré les libéralités du<br />

négociant de Bordeaux, qui les avait arrosés du balcon au Grand-Hôtel, la bourse des aventuriers<br />

s’aplatissait. Hamlet eut une idée : – À l’Exposition Universelle, la Feria faisait d’excellentes<br />

affaires, dit-il. C’était un petit théâtre où il y avait des guitaristes et des danseuses espagnoles. 4 »<br />

Remarquons que Walter Benjamin synthétisera cette conception concernant l’Exposition<br />

universelle, alors très en vogue, comme nous venons de le voir (et ce particulièrement parmi les<br />

auteurs dont Jarry suit le travail avec intérêt et qui font, comme Demolder, partie de ses amis), et<br />

ce dans « Paris, capitale du XIX° siècle » : « Les Expositions universelles sont les lieux de<br />

pèlerinage où l’on vient adorer le fétiche marchandise 5 ».<br />

Jarry tenait à cette idée, puisqu’il l’évoquera de nouveau, mais alors implicitement (ce qui ne<br />

signifie nullement un affaiblissement de celle-ci, bien au contraire, Jarry étant toujours<br />

extrêmement allusif en ce qui concerne ce qui fait le plus sens pour lui, ainsi que l’ensemble de<br />

notre édition critique et commentée cherche à le montrer), dans l’Almanach illustré du Père Ubu de<br />

1901, répondant ainsi à la question de la « conscience » « Êtes-vous allé à l’Exposition, Père<br />

Ubu ? » : « Quant aux baraques fermées et autres étables, je n’y ai point pénétré […] 6 ».<br />

Voir aussi, au sujet de l’Exposition universelle et donnant lumière sur le mépris éprouvé par<br />

Jarry pour elle, la formulation de Marius (au sein de laquelle se lit toute l’ironie de Jarry),<br />

prononcée avec « exubéran[ce] » dans Jef (« Vivent les nations, comme à notre exposition<br />

universelle ! Si seulement nous avions des drapeaux ! 7 »), et surtout l’Almanach illustré du Père Ubu<br />

de 1901 : « Je ne sais trop… ah si : une fois seulement et au plus ; je suis entré par une porte et<br />

ressorti par une autre, ce que n’avaient pas l’esprit de faire les myriades de badauds capturés dans<br />

1<br />

Et rééditée dans Abbé Victor Charbonnel, Congrès universel des religions en 1900, « histoire d’une<br />

idée », Colin, 1897, p. 147.<br />

2<br />

Gustave Kahn, L’Esthétique de la rue, E. Fasquelle, 1901, p. 116.<br />

3<br />

GDU, tome 8, p. 530.<br />

4<br />

Eugène Demolder, L’Agonie d’Albion, Le Mercure de France, 1901, p. 73.<br />

5<br />

Walter Benjamin, Œuvres III, Gallimard, collection Folio essais, 2000, p. 52.<br />

6 OC I, p. 586.<br />

7 OC III, p. 33.<br />

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