30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Se « manifest[er] créateu[r] », c’est bien en définitive faire preuve d’unicité. C’est pour cette<br />

raison que lorsqu’il cherchera à vanter la traduction des Mille Nuits et Une Nuit de Mardrus, Jarry<br />

mettra en avant justement avec insistance ce point. Il explique de cette façon le « miracle » que<br />

représente le tome X de Le Livre des Mille Nuits et Une Nuit : « […] chaque tome successif et même<br />

chaque conte des Mille Nuis et Une Nuit apporte, comme nous ne saurions trop le redire, quelque<br />

chose de neuf […] 1 ».<br />

Jarry souligne que l’originalité est effective jusqu’en ce qui concerne les modalités de la<br />

narration : « la forme même de la narration est nouvelle [...] 2 ». Il est intéressant de noter que cette<br />

remarque émanant de Jarry est fautive. Cette invention a une visée : elle permet à Jarry d’appuyer<br />

encore davantage, en signifiant qu’elle structure l’ouvrage à tous les niveaux, la réalité de la<br />

singularité. Déjà, dans son compte rendu du tome V de cette traduction, Jarry notait : « […] à<br />

mesure des tomes successifs du Livre des Nuits, des personnages se présentent, imprévus et<br />

nouveaux […] 3 ».<br />

La formulation jarryque « comme nous ne saurions trop le redire 4 » permet de comprendre à<br />

quel point cette originalité demeure pour l’auteur de Messaline l’essentiel, et ce jusqu’au moment<br />

de sa participation à La Revue blanche sous forme d’une écriture journalistique qui semble, à<br />

première vue du moins, et aux dires de Rachilde, s’être pliée aux impératifs de l’écriture de « tout<br />

le monde ».<br />

Dans sa bibliographie de L’Esthétique de la rue de Gustave Kahn, de la même façon, même si<br />

c’est avec moins de vigueur, Jarry développe ce point : « Une partie très originale de ce livre traite<br />

de la rue d’aujourd’hui […] 5 ».<br />

Il remarque également à propos de Thérèse Degaudy, même si c’est de façon cette fois<br />

parfaitement implicite : « De ce sujet où beaucoup de romanciers auraient pu ne découvrir qu’une<br />

suite de faits simples, J.-H. Rosny a fait une œuvre vaste et complexe. 6 »<br />

L’objet du critique demeure ainsi essentiellement, comme l’écrit Édouard Dubus à propos des<br />

Chansons d’Amant de Gustave Kahn (Lacomblez) dans Le Mercure de France en 1891, de « louer sans<br />

réserve l’absolue nouveauté avec laquelle l’auteur a su revêtir sa pensée 7 ».<br />

Si l’originalité reste à bien des égards la valeur suprême d’un ouvrage, ce n’est pas uniquement<br />

du fait des préceptes de l’idéalisme qui stipulent que toute émanation de soi doit être unique<br />

1 OC II, p. 634.<br />

2 Ibid.<br />

3 Id., p. 582<br />

4 Id., p. 634<br />

5 Id., p. 612<br />

6 Id., p. 633<br />

7 Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p. 306.<br />

303

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!