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Rachilde croit bon de devoir rappeler dans un post-scriptum 1 que tous les romans qu’elle<br />

reçoit par l’intermédiaire du Mercure de France « sont lus entièrement », même s’ils ne sont pas<br />

dédicacés ! Si les comptes rendus ne sont pas plus longs, c’est à cause de « l’abondance effrayante<br />

de la matière 2 » précise-t-elle ; cette remarque de Rachilde tient au fait que la brièveté des comptes<br />

rendus qui sont faits des livres reste possiblement toujours, pour leurs auteurs, synonyme de<br />

lecture incomplète ou distraite opérée par le critique.<br />

Le compte rendu porte en soi un principe de brièveté qui le constitue justement en tant que<br />

compte rendu. C’est même ce qui le distingue d’une étude (que Charles Merki désigne<br />

pudiquement par le terme « article »), laquelle trouve sa place à cette époque en première partie<br />

d’une revue, et non pas à la fin, comme c’est le cas pour les bibliographies. Ainsi, cette brièveté<br />

est le principe d’identité même du compte rendu car il existe maintes méthodologies d’approche<br />

des œuvres et, à la limite, autant de tons différents que de critiques. Encore faudrait-il définir ce<br />

que l’on entend par brièveté, concept extrêmement flottant.<br />

Il s’avère néanmoins assez vite qu’il est impossible de catégoriser la brièveté (moins d’une<br />

page, deux colonnes etc.), car cela dépend aussi considérablement de la mise en espace de la<br />

matérialité graphique du journal ou de la revue, en somme de la taille tout à la fois de la police, de<br />

l’interlignage et du blanc entourant le texte (au sein de L’Art littéraire par exemple, celui-ci est très<br />

vaste, afin de matérialiser une conception de l’élitisme propre à l’équipe éditoriale qui doit se faire<br />

jour évidemment jusque dans la factualité de la revue), ainsi que de la capacité d’accueil – c’est-à-<br />

dire de la place réservée aux comptes rendus – de chaque organe de presse voulant donner vie,<br />

fût-ce de façon épiphénoménale, à la critique en ses pages.<br />

Aussi peut-on dire qu’il s’agit bien d’un principe de brièveté et non d’une brièveté en tant que<br />

telle (car il existe nombre de comptes rendus qui apparaissent comme étant longs, parfois très<br />

longs même, et qui n’en sont pas moins des comptes rendus, et non des études, de par leur<br />

contextualisation, qui les définit en tant que tels).<br />

Ce principe de brièveté existe également pour les critiques qui possèdent leur propre rubrique<br />

et qui, comme Rachilde, peuvent choisir de rendre compte d’un ouvrage assez longuement en<br />

réduisant le nombre de lignes consacré à certains auteurs chroniqués au sein de la même rubrique.<br />

En effet, quelle que soit sa longueur, le compte rendu reste irrémédiablement bref, – même s’il ne<br />

l’est point en réalité –, ne serait-ce que parce que c’est justement ce qui le définit. L’horizon<br />

1 Le Mercure de France, n° 97-99, tome XXV, janvier-mars 1898, p. 231.<br />

2 Robert Scheffer, Plumes d’oies et plumes d’aigles, Edition de Pan, collection Figures littéraires, 1911,<br />

p. 144. Rachilde, selon les mots de Scheffer, « par manière de passe-temps », « échenille bimensuellement<br />

les romans dont la flore est […] innombrable […] et les classe dans l’herbier du<br />

Mercure de France », accomplissant « cette besogne avec dextérité et beaucoup de conscience ».<br />

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