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Ainsi, en adoptant un procédé de critique qui était surtout employé dans les pages du Mercure<br />

de France, Jarry (et c’est là peut-être le point le plus important, bien que le moins visible) affirme<br />

par ce faire, mais comme incidemment, sa filiation profonde avec cette revue (voir aussi la note 1)<br />

au sein de laquelle il n’est plus véritablement le bienvenu depuis sa brouille avec Remy de<br />

Gourmont (il affirme ce lien d’autres manières également, ainsi que notre édition critique et<br />

commentée cherche à le montrer tout au long de son déroulement : en rendant compte d’auteurs<br />

phares du Mercure de France comme Rachilde ou Demolder – il est vrai que ses liens amicaux le<br />

portent vers Le Mercure de France –, en parlant d’ouvrages que Rachilde critique également, même<br />

si cette dernière remarque doit être tempérée par le fait que Rachilde tenant la rubrique des<br />

romans, elle se doit de rendre compte d’une matière pléthorique, ou encore en faisant<br />

implicitement référence dans le cours de ses comptes rendus aux propos de critiques œuvrant au<br />

sein du Mercure de France).<br />

5. Jarry puise textuellement (nous soulignons) dans ce qu’écrit Sarcey à propos de Alceste<br />

d’Euripide, resserrant la citation en modifiant « une bonne grosse farce » en « une farce », guidé<br />

vraisemblablement par un souci de gain de place, la taille de ses comptes rendus étant forcément<br />

limitée : « Il emplit la maison en deuil des éclats de sa joie que chauffe le vin, quand il apprend<br />

pourquoi l’on pleure. Il est grossier d’allures, mais il est bon, comme tous les forts ; il ira, il<br />

arrachera à la mort sa proie et ramènera sa femme à Admète. Aussitôt dit, aussitôt fait. Et nous le<br />

voyons, tout de suite après, qui revient tenant par la main une femme long voilée, qu’il présente à<br />

Admète. C’est une bonne grosse farce qu’il lui a fait. 1 »<br />

Jarry met ici en avant une coquille ou erreur grammaticale (sur les raisons de cette mise en<br />

avant, voir la note 4), mais, en réalité, il est à croire que cet accord a été voulu par Sarcey, en toute<br />

connaissance de cause.<br />

Si un arrêté ministériel du 31 juillet 1900 proclame « la liberté d’accord du participe passé 2 »,<br />

celle-ci s’était déjà affirmée au dire des réformistes qui ne voulaient ainsi que poser les règles d’un<br />

usage sinon déjà répandu, du moins toléré : « Comme la montré surabondamment M. Bastin, par<br />

un très grand nombre d’exemples, dans son Étude des participes, basée sur l’histoire de la langue,<br />

nos meilleurs écrivains ont usé largement de la liberté d’accord que la décision ministérielle rend<br />

aujourd’hui aux écoliers. 3 » Il ne s’agit ainsi pas d’une réforme à proprement parler pour les<br />

1 Francisque Sarcey, Quarante ans de Théâtre (Feuilletons dramatiques), Corneille, Racine, Shakespeare et la<br />

Tragédie, Bibliothèque des Annales Politiques et Littéraires, 1900, p. 341.<br />

2 Clédat, La Question de l’accord du participe passé, E. Bouillon, 1900, p. VIII – voir le compte rendu<br />

que fait Jarry de ce livre dans La Revue blanche le 1 er mai 1901 (OC II, p. 617).<br />

3 Clédat, op. cit. ; voir aussi Revue internationale de l’enseignement, volume 43, Société de l’enseignement<br />

supérieur, Masson, 1902, p. 181.<br />

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