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3. 4. Le véritable lieu de vie de Jarry : Le Mercure et non La Revue blanche.<br />

Mais, il faut le souligner, comme nous l’avons du reste déjà fait : « [m]algré sa rupture avec<br />

Gourmont, Jarry reste associé au groupe du Mercure », et ce principalement, hors « l’activité<br />

littéraire collective qui caractérise une revue 1 », en étant « présent dans le salon de Rachilde ou<br />

celui de Berthe Danville 2 ». Le Mercure de France reste bien, et ce jusqu’à la fin de l’existence de<br />

Jarry, son lieu de vie. C’est pour cette raison si, bien que Jarry « publi[e] beaucoup plus à La Revue<br />

blanche qu’au Mercure de France […], elle ne tient pas la même place dans sa vie. 3 »<br />

La Revue blanche aurait-elle pu s’affirmer comme un possible lieu de vie ? Autrement dit, cette<br />

constance résulte-t-elle d’un choix de Jarry, d’une volonté de continuité dans la constitution de<br />

son identité d’auteur et dans le développement de ses amitiés ? Sans doute, si l’on prend en<br />

considération le fait que Vallette et Rachilde demeurent très certainement, et ce jusqu’à la fin, ses<br />

plus proches amis, sa véritable famille.<br />

Mais il ne faut pas oublier non plus que La Revue blanche n’offrait rien de comparable aux<br />

mardis de Rachilde. Gide va jusqu’à écrire qu’ « il n’y eut pas […] à proprement parler de salon de<br />

La Revue blanche, où les collaborateurs fussent assurés de se retrouver hebdomadairement, comme,<br />

autour de Vallette et de Rachilde, ceux du Mercure. De simples bureaux, une sorte de salle de<br />

rédaction, où chaque jour et à toute heure toutes rencontres étaient possibles. 4 »<br />

Mais même si La Revue blanche avait eu, indéfectiblement rattachée à elle, une date<br />

hebdomadaire pour recevoir au sein de sa rédaction, agrémentée, sinon d’un rituel propre aux<br />

échanges, du moins d’un socle commun de participants, avec des allées et venues, et bien que La<br />

Revue blanche soit aussi une entreprise familiale, Jarry n’aurait pu s’y sentir bien, et ainsi<br />

transformer cette maison d’édition en possible nouveau lieu de vie.<br />

La raison en est simple. Jarry ne pouvait que se sentir très éloigné de la « mondanité »<br />

caractérisant La Revue blanche : « [s]i Misia, la brillante femme de Thadée Natanson reçoit, c’est de<br />

façon moins familière que Rachilde 5 ». Cette mondanité naît en toute logique de « [l]a fortune des<br />

directeurs, les Natanson » et d’un « luxe 6 » qui tient aussi à la localisation du siège de la revue<br />

boulevard des Italiens. La Revue blanche a en effet son siège « sur la rive droite […] au milieu […]<br />

1<br />

BESNIER, p. 291.<br />

2<br />

Ibid.<br />

3<br />

Id., p. 84.<br />

4<br />

André Gide, « Souvenirs littéraires et problèmes actuels », Souvenirs et voyages, édition présentée,<br />

établie et annotée par Pierre Masson, avec la collaboration de Daniel Durosay et Martine Sagaert,<br />

Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2001, p. 933.<br />

5<br />

BESNIER, p. 84.<br />

6 Ibid.<br />

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