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ésolut, après des demandes répétées, à en donner une édition populaire à bon marché, il s’en<br />

écoula plus de cent mille en une année. Ce succès, inattendu même pour moi, d’un traité<br />

philosophique, de lecture difficile et d’une exposition nullement littéraire, prouve le vif intérêt que<br />

porte aux sujets que j’y avais traités le public instruit, et son désir d’acquérir une conception de<br />

l’univers fondée sur la connaissance de la vérité. 1 »<br />

Ainsi, si les revues littéraires cheminent de plus en plus, d’une façon ou d’une autre (sans<br />

atteindre toutefois l’intensité de déploiement propre au Mercure de France) vers l’encyclopédique,<br />

c’est bien pour faire en sorte que les lecteurs puissent voir leur curiosité satisfaite dans de<br />

nombreux domaines, sans être forcément obligés de chercher des compléments d’information<br />

dans des revues davantage spécialisées.<br />

La revue, même si elle est d’abord littéraire, cherche ainsi à s’affirmer dans la vie du lecteur<br />

suivant une pleine présence : il faut ainsi rappeler que le « rapport au monde médiatisé par les<br />

journaux était […] plus important qu’aujourd’hui puisque la rapidité et la fréquence des voyages<br />

étaient bien moindres pour l’écrasante majorité des lecteurs. Pour eux, le journal » ou la revue<br />

« occupai[en]t une position unique et centrale dans leurs relations au monde extérieur [...] 2 ».<br />

Une pleine présence qui soit en mesure de répondre potentiellement à toutes les attentes, à<br />

une époque où, le développement de la presse oblige (c’est-à-dire le développement des<br />

spécialisations toujours plus diverses la constituant et des rubriques de plus en plus nombreuses<br />

l’irriguant), il s’agit de plus en plus pour le lecteur de choisir ses rubriques, de fractionner sa<br />

lecture en fonction de ses goûts propres, de ses intérêts constants et/ou épisodiques : « il faut<br />

introduire la notion de lecture plurielle et sociale de la presse : chaque lecteur choisit ce qui<br />

l’intéresse dans les rubriques du journal. 3 » Jarry lui-même écrit à Vallette le 27 mai 1894 : « je<br />

réclame l’envoi (ci-joint la phynance postale) du dernier Mercure, pour y relire la conférence de<br />

Tailhade. 4 »<br />

Ce développement de la partie critique au sein (notamment) des petites revues que sont Le<br />

Mercure de France et La Revue blanche concernant les ouvrages dits spéciaux cherche ainsi à épouser<br />

le plus fidèlement possible le flux du marché éditorial, afin de donner un instantané si possible<br />

juste de l’état de celui-ci au moment de la parution de tel ou tel numéro (et ainsi, par la même<br />

occasion, à encourager la continuation de l’envoi de ces ouvrages en service de presse), mais veut<br />

surtout répondre à la curiosité des lecteurs qui cherchent à faire de la revue une présence à<br />

1 Ernest Haeckel, Les Merveilles de la vie, études de philosophie biologique, pour servir de complément aux<br />

« Énigmes de l’univers », Schleicher frères, 1907, p. VII<br />

2 Christophe Charle, Le siècle de la presse (1830-1939), op. cit., p. 14.<br />

3 Ibid.<br />

4 OC I, p. 1036.<br />

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