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(Schleicher), écrit : « Pour discuter cet essai d’une méthode nouvelle, il faudrait la compétence<br />

d’un Girard ou d’un Delage. Aussi bien, mon attitude en face de M. Houssay ne peut être d’un<br />

critique […] 1 ».<br />

Remy de Gourmont, dans son compte rendu de la quatrième série des Souvenirs entomologiques,<br />

« études sur l’instinct et les mœurs des insectes » de J.-H. Fabre, constate : « [c]e livre va très<br />

loin […] 2 », ce qui signifie très proprement : ce livre dépasse mon domaine de compétences.<br />

Gourmont note ainsi drôlement à propos d’un autre ouvrage : « Il aurait fallu assister à la<br />

conférence et participer aux démonstrations pratiques pour bien comprendre tout. 3 »<br />

2. 3. Goût personnel guidé par la curiosité.<br />

Alors, pourquoi certains critiques comme Gourmont (sur lequel Jarry a semble-t-il pris<br />

modèle dans sa volonté de rendre compte, des années plus tard et dans La Revue blanche,<br />

d’opuscules scientifiques) rendent-ils compte d’ouvrages dont la spécialisation leur interdit tout<br />

commentaire (l’on ne prend bien sûr ici en considération que les critiques non spécialistes,<br />

oeuvrant dans des petites revues littéraires) ? Est-ce volonté uniquement de la rédaction des<br />

revues accueillant leurs contributions ?<br />

En réalité, à y regarder de près, cette question de savoir quelle(s) raison(s) pousse(nt) le<br />

commentaire à survenir même s’il ne peut qu’avouer son impuissance à apparaître autrement<br />

qu’incomplet, gauchi, se confond avec celle-ci : comment s’opère le choix de tel ouvrage spécial<br />

dont il s’agit, pour le critique, de rendre compte ?<br />

Indubitablement suivant les inflexions du goût, de la curiosité propres au critique.<br />

Bien sûr, il y a, lorsque le choix s’articule autour d’un ouvrage particulièrement ardu, la<br />

volonté de donner libre cours à l’idée de l’élitisme chère aux auteurs d’avant-garde dont Jarry fait<br />

partie – et l’élitisme à cette époque, au lieu de s’atténuer, devient au contraire croissant, étant<br />

« d’une certaine manière la réponse idéologique à l’évolution morphologique du champ<br />

intellectuel. 4 »<br />

Mais le compte rendu d’un ouvrage spécial naît principalement, peut-on penser, de l’intérêt<br />

du critique pour celui-ci, quand bien même cet intérêt se cantonne aux frontières de la curiosité.<br />

1 La Revue blanche, tome 24, janvier-avril 1901, p. 633.<br />

2 Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p 307.<br />

3 Le Mercure de France, n° 13-18, tome II, janvier-juin 1891, p. 310.<br />

4 Christophe Charle, Naissance des « intellectuels », 1880-1900, Les éditions de Minuit, collection Le<br />

sens commun, 1990, p. 38.<br />

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