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des contes, que nous écrier : « Ya Allah ! » en nous trémoussant, de même que le Genni d’un<br />

autre conte, et nous convulsant de plaisir. 1 »<br />

Jarry, par cette formulation, développe « une critique spontanée du plaisir 2 » (nous soulignons),<br />

dans le droit fil de la mouvance impressionniste par conséquent, ainsi que nous l’avons évoqué.<br />

Comment l’enthousiasme ressenti à la lecture peut-il être partagé ?<br />

Par le biais de l’emphase qui cherche à se déployer sans revêtir les formes de l’hyperbole.<br />

Dans sa bibliographie du dixième tome de la traduction de Mardrus, Jarry écrit : « Certes, il fallait<br />

que « l’histoire merveilleuse » fût bien merveilleuse pour avoir sauvé, dans des temps anciens, de<br />

la mort son conteur arabe ; mais il faut qu’elle le soit infiniment davantage, pour que de froids<br />

Occidentaux, après un exorde si hyperbolique, l’accueillent sans désillusion et même avec un<br />

croissant plaisir. 3 »<br />

Jarry développe cette conception jusqu’à formaliser, peut-on penser, l’écriture du compte<br />

rendu comme la forme précise et logiquement louangeuse d’un remerciement, en somme le rendu<br />

d’un plaisir de lecture comme si la lecture heureuse faisait naître en soi une impression de dette<br />

contractée, étant donné l’émotion, intense, qu’elle a fait naître.<br />

En cela, il s’inscrit dans la lignée du propos de Charles Merki au sujet de La Légende de l’Aigle<br />

de Georges d’Esparbès (Dentu) dans Le Mercure de France en 1893 : « J’aimerais du reste à parler<br />

autrement du merveilleux conteur qu’est M. d’Esparbès, et j’espère qu’une prochaine œuvre m’en<br />

fournira le prétexte. Pour aujourd’hui, il sied simplement de le remercier d’un tel livre [...] 4 ».<br />

1. 4. Jarry opposé à la critique judicatrice.<br />

Lucien Muhlfeld rédige ainsi la préface avec laquelle s’ouvre le premier numéro de la nouvelle<br />

série 5 de La Revue blanche : « Qu’on ne se méprenne point sur la juvénilité de notre format : ceci<br />

n’est guère une revue de combat. Nous ne nous proposons ni de saper la littérature installée, ni<br />

de supplanter les jeunes groupes littéraires déjà organisés. Très simplement, nous voulons<br />

développer ici nos personnalités et c’est pour les préciser par leurs complémentaires de sympathie<br />

et d’admiration que nous sollicitons respectueusement nos maîtres […]. 6 »<br />

1<br />

OC II, p. 582.<br />

2<br />

Raphaël Molho, op. cit.<br />

3<br />

OC II, p. 634.<br />

4<br />

Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 361.<br />

5<br />

Arthur Basil Jackson, La Revue blanche, 1889-1903, origine, influence, bibliographie, Lettres modernes,<br />

1960, p. 21.<br />

6<br />

La Revue blanche, n° 1, tome I, 15 octobre 1891, p. 1.<br />

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