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sinon l’aval du moins l’intérêt et la curiosité de celui-ci, un intérêt suffisant en tout cas pour que<br />

Jarry daigne lui en reparler dans la place très restreinte que ne peut qu’épouser, de fait, toute<br />

dédicace, l’envoi étant en outre par définition le lieu d’un écrit minimal (qui doit ainsi être le plus<br />

évocateur possible) cherchant à éveiller l’intérêt, susciter un accord tacite et une bienveillance<br />

préalables à la lecture (laquelle peut se manifester par l’humour, des allusions à l’œuvre ou à des<br />

épisodes vécus de façon commune, ou encore par l’énoncé d’une admiration qui s’attache aussi à<br />

ce que l’ouvrage soit reçu sans animosité, avec compréhension), et parfois le lieu de l’affirmation,<br />

comme c’est le cas avec Vallette, de liens amicaux (l’affirmation de liens autres existe aussi bien<br />

évidemment de la même façon).<br />

Aussi, qu’une telle allusion figure sur un envoi, qui plus est sur un ouvrage où il n’est nulle<br />

question de pêche, fait sens, faisant plus que suggérer que Jarry et Vallette ont pu parler peu avant<br />

la publication de Messaline de ce projet (et qu’ainsi l’envoi a pu avoir pour objet de tisser une<br />

continuité dans l’effectivité du lien amical en liant entre eux deux moments – celui de la<br />

conversation et celui de l’écriture de l’envoi –, participant d’une volonté de matérialiser l’amitié<br />

dans son flux, dans son cours, et étant ainsi l’une des modalités de celle-ci).<br />

C’est l’affirmation de liens amicaux mais aussi la certitude pour Jarry de voir continué en la<br />

personne de Vallette sinon son désir de le publier, à travers son aval d’éditeur quant à ce projet,<br />

du moins sa curiosité et son intérêt, préludes indispensables à une acceptation éventuelle (l’on sait<br />

à quel point il est difficile pour Jarry de publier au sein du Mercure de France depuis sa brouille – et<br />

probablement du fait de celle-ci – avec Remy de Gourmont).<br />

Quoi qu’il en soit, ce projet ne vit jamais le jour.<br />

19. Désiré Barbeau, Manuel du pêcheur à la ligne, C. Marpon et E. Flammarion, 1888.<br />

Le texte spéculatif « La découverte de Paris » paru dans Le Canard Sauvage du 16-22 août<br />

1903 nous permet de comprendre en quoi cet ouvrage a pu inspirer Jarry. L’auteur de Messaline<br />

écrit dans cette chronique, parlant évidemment de lui : « La pêche à la ligne vous séduit. Vous<br />

avez désiré être le père, vous-même, de vos asticots, et pour ce faire, vous avez laissé putréfier<br />

une tête de mouton, et elle odore comme cinq cent mille diables. »<br />

Ce conseil donné aux pêcheurs sur la culture des asticots se trouve présent dans le traité de<br />

Deloche, mais sans mention de la « tête de mouton 1 ».<br />

Jarry, pour « cultiver [lui]-même » les « asticots » afin de « les obtenir très beaux 2 », se tourne<br />

vers Barbeau : « L’asticot est en un mot le ver de viande, et on peut, si on est à la campagne, se le<br />

procurer soi-même en laissant en décomposition […] une tête de mouton. 1 »<br />

1 Voir Pierre Deloche, op. cit., p. 57.<br />

2 Ibid.<br />

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